Roman : La Wicca et le Vampire

Prologue


«Je me lève / Et je te bouscule / Tu n'te réveilles pas / Comme d'habitude
      Sur toi /Je remonte le drap / J'ai peur que tu aies froid / Comme d'habitude
        Ma main / Caresse tes cheveux / Presque malgré moi / Comme d'habitude
...»

Le radio réveil venait de s’enclencher, et me tira du sommeil. Lorsque j'ouvris les yeux, en ce matin gris et pluvieux de novembre, et que je regardai la personne allongée à mes côtés, les paroles de la chanson de Claude François me percutèrent de plein fouet.

Oui, l'homme que j'aimai allait rester immobile, raide et froid tout au long de la journée. Oui, l'homme qui depuis maintenant 6 mois partageait mon existence, ne renaîtrait à la vie que ce soir, lorsque l'astre du jour aurait à nouveau disparu de l'autre coté du globe.

Comment, cela était il possible? Comment dans un monde devenu aussi cartésien que le notre, un monde où la magie n'arrive plus à s'imposer, un monde où la science s'acharne à expliquer même ce qu'elle ne comprend pas, comment peut-on tomber amoureuse d'un vampire?

Eh, bien c'est une longue histoire, et je vais essayer de vous la conter....


05/09/2011.

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1 an plus tôt : la rencontre


                                            


Tout d'abord, je me présente : je m'appelle Maïwen VENCESLAS, mais tout le monde m'appelle «Maï». On dit de moi que je ne suis pas très belle mais mignonne. J'ai les traits réguliers, le cou assez long et délicat, les yeux verts, les cheveux châtains bouclés longs jusqu'aux fesses, les seins menus mais fermes et bien plantés, et la silhouette fine. Je mesure un mètre soixante avec talons (ce qui donne en réalité un petit mètre cinquante), je sais ce n’est pas bien grand !!.













Je suis aide -soignante et actuellement je travaille de nuit à l'hôpital pour enfants de Josselin, petite ville du Morbihan, fondée au 11ème siècle par le vicomte du Porhoët, où je suis née et que je n’ai jamais quittée.
Flâner au gré de ses ruelles et découvrir ses nombreuses maisons à pans de bois nous plongent dans l’Histoire, écrite aussi bien dans la belle pierre de la Basilique Notre Dame du Roncier, l’un des haut-lieux de pèlerinage en Bretagne, que dans le château des Ducs de Rohan qui dresse sa façade médiévale imposante au-dessus de l’Oust canalisé, ou encore dans les bois et forêts alentours. En effet, aux abords de cette petite cité de caractère, le Bois d'Amour nous tend les bras et quelques kilomètres plus loin, se trouvent aussi les portes de la forêt de Lanouée et de la forêt de Brocéliande.


























J'ai toujours aimé la nuit, ses personnages, sa faune, mais surtout l'impression de vivre dans un monde parallèle à celui de la journée, un monde qui lui ressemble sans vraiment y parvenir. De plus, comme je n'ai pas besoin de dormir beaucoup, que trois heures en fait, cela me permet de me consacrer le reste du temps à ma passion : la Wicca .












Oui, je suis une Sorcière, mais bon, ce n'est pas ma faute. Laissez moi vous expliquer. Il se trouve que je suis née le 21 juin 1995, jour du solstice d'été, et, de ce fait, je suis une Wicca car c'est une des périodes de l'année où les voiles entre les mondes sont très minces,et de ce fait je suis très sensible à la moindre manifestation de magie, les poils de ma nuque se hérissent lorsque je la rencontre.
Dans ma famille c'est une tradition, toutes les générations il se trouve quelqu'un qui, du fait du jour de sa naissance, devient Wicca et est initié par la mère de sa mère. Moi c'est Nany Morgana Elerinna qui depuis que j'ai sept ans s'occupe de mon enseignement dans la journée, et cela me permet de me consacrer à mon travail d'aide soignante la nuit.
Lundi vingt-trois novembre, après deux jours de repos, j’étais de retour à l'hôpital pour enfants, dans le service d'hématologie où je travaillais.


Dès que je posai le pied dans le service, les filles me sautèrent dessus. De la plus jeune, à la plus âgée, du médecin à la simple femme de salle, elles se mirent toutes à parler en même temps. Une véritable cacophonie dont je ne réussis à capter que quelques mots: «nouveau» et «laboratoire». Au milieu de ce brouhaha, une sonnette retentit et telle une envolée de moineaux, tout le monde se dispersât et se mit au travail.


Aujourd’hui, le service ne comptait que six malades, dont Gabriel, un petit nouveau qui était parmi nous pour que l'on puisse lui faire toute une batterie de tests .

C'était dix heures du soir, et après avoir pratiqué sur l'enfant une prise de sang, Angèle, l'infirmière me demanda de descendre les échantillons au laboratoire et d'y attendre les résultats.

Je pris l’ascenseur et me rendis donc au deuxième sous-sol où se trouvait le laboratoire. Pas un bruit, hormis le grésillement des néons. Tout était silencieux.

Me tournant le dos, un homme en blouse blanche était en train de travailler à des analyses. Même ainsi, on devinait qu'il ne devait pas être commun. Il semblait être relativement grand, un mètre quatre-vingt environ avec de longues jambes puissantes et musclées. Il s’efforçait constamment de se dresser de toute sa stature comme s'il résistait à une force invisible qui chercherait à le comprimer ou à l'écraser. Il possédait aussi une abondante chevelure blonde, qui, bien qu'attachée en catogan, lui arrivait au milieu du dos.

- Hum, hum, excusez-moi!!


Il se retourna. Le côté pile était aussi craquant que le laissait supposer le côté face : yeux verts;la cage thoracique bien développée. L'ensemble dégageait un air de virilité et d'animalité tout à fait fascinant.


- Vous désirez Mademoiselle?


Sa voix bien que suave et douce comme du miel, était froide, son regard hautain et désagréable semblait vouloir me rapetisser encore plus. Une sensation de froid s'empara de moi, comme si la climatisation avait été poussée au maximum, ce qui me paraissait pour le moins étrange vu que nous étions début novembre.
- Je vous amène des prélèvements. Il faudrait que vous fassiez les examens sans tarder et que je les remonte le plus tôt possible, dis-je en lui tendant les fioles de sang.
Lorsqu'il s'approcha de moi pour les prendre, je m’aperçus que sa peau était d'un blanc laiteux et que d'énormes cernes mauves lui mangeaient le visage, faisant ressortir le rouge de ses lèvres comme s'il les avait maquillées. Ses doigts effleurèrent ma main et je fus prise d'un vertige. La terre trembla, je sentis les poils se dresser sur ma nuque, mes jambes cédèrent sous moi et un voile noir m'emporta.


- Mademoiselle, Mademoiselle...(une voix à la fois inquiète et furieuse me parvenait difficilement, perdue comme je l'étais dans les brumes de l'inconscience) Mademoiselle, Mademoiselle...

Quand enfin j'ouvris les yeux, ce fut pour me retrouver allongée sur le lit de camp de la salle de repos. On m'avait enlevé mes chaussures, et posé un gant humide sur le front. Penché au-dessus de moi, il m'observait. Il semblait vouloir intervenir tout en ayant l'air d'hésiter à s'approcher voire même à me toucher.

- Alors, comment vous sentez- vous? Vous avez fait un malaise vagal! Ne bougez- pas! Vous êtes encore très pale, restez donc allongée le temps que je finisse les examens… Au fait, je suis le Docteur Anastase Pavel VON RANKE, le nouveau chef de service de nuit du labo. Vous pouvez m’appeler Docteur Pavel.

Sur ces mots, il tourna les talons, quitta la pièce, et me laissa seule .J'en restai coite de stupeur. Non, mais c'était quoi cette histoire, tout était embrouillé dans ma tête, impossible de réfléchir, le trou noir.

Je m'assis précautionneusement et restai un moment les jambes pendantes, le temps de vérifier si les vertiges étaient de l'histoire ancienne. Jusque-là tout allait bien, et je décidai de me lever.

Avec l'impression d'avoir des jambes de coton et une centaine d'années au compteur, je me dirigeai laborieusement vers le lavabo situé derrière le lit au fond de la salle et me regardai dans le petit miroir installé au-dessus.

Par la Déesse, j'étais à faire peur ! Blanche comme un linge, et des cernes mauves me mangeaient le visage, tandis que des gouttes de sueur perlaient sur mon front.

Je pris une grande bouffée d'air, posai mon front douloureux sur le miroir froid et fermai les yeux. Au bout de quelques instants je me sentis mieux et décidai de retourner au labo où, je l'espérai le Docteur Pavel devait avoir fini les examens demandés.


J'avais raison. Il m’attendait, tenant à la main les résultats de Gabriel. Je m'approchai pour les prendre et de nouveau, la terre trembla, mes jambes flageolèrent. Pour m'éviter un nouvel évanouissement, je lui arrachai les papiers des mains et m'enfuis en courant.

C'était incroyable, incompréhensible! Au fur et à mesure que je m'éloignai du Docteur Pavel, les symptômes disparaissaient et je me sentais revivre. Un coup d’œil au miroir de l'ascenseur me le confirma. J'avais retrouvé mon teint d'origine et les cernes s'estompaient peu à peu.

Lorsque la porte s'ouvrit à l'étage de mon service, plus rien ne laissait supposer que j'avais eu un malaise Le docteur avait raison:je devais avoir fait un malaise vagal, il n'y avait pas d'autres explications .possibles Je consultai ma montre et m’aperçus qu'il ne s'était écoulé qu'une demi-heure depuis que j'étais descendue.

- Alors, alors?

Un essaim de femmes hystériques m’assaillit.

- Tu as rencontré le Docteur  Pavel? Qu'en penses-tu? Comment le trouves- tu?

Toutes les questions fusaient en même temps. Sans me laisser le temps d'y répondre. En fait, cela m'arrangeait bien car je pouvais ainsi réfléchir à ce que j'allais bien pouvoir leur dire. Il me paraissait évident que si je leur disais la vérité, personne ne me croirait. De plus que leur dire... Même moi, au fil du temps je me mis à douter de ce que j'avais vécu et ressenti, tout s'estompait et me semblait n'avoir été qu'un rêve. Heureusement les résultats de Gabriel étaient là pour me prouver de la réalité de cette rencontre.

- Oui, je l'ai aperçu. C'est vrai que certains pourraient le trouver beau garçon, mais moi, je ne suis pas particulièrement attirée par les icebergs. Pour ma part, je l'ai trouvé particulièrement froid, hautain, et pour tout dire antipathique... Bon, si on parlait d'autre chose, dis-je en me dirigeant vers la salle des infirmières pour me servir une tasse de café.

Ainsi, entrecoupé de quelques pauses bienvenues, le temps passa et la nuit de travail s'écoula sans qu'aucun autre problème ne se manifeste. Lorsque l'équipe de jour arriva pour la relève, le Docteur Pavel n'était plus d'actualité.

Il était six heures du matin, le jour allait bientôt se lever. Sur le parking du personnel, au moment de monter dans ma Mini, je l’aperçus à nouveau. Il portait un immense cache-poussière en cuir, une écharpe lui mangeait la moitié de son visage et un informe chapeau à large bord, masquait le reste. Il semblait avoir prix un siècle en quelques heures, marchait voûté et  avançait difficilement. Il sauta dans sa voiture, et démarra sur les chapeaux de roue.

Lorsque je rentrai chez moi, je vis la petite lumière du répondeur clignoter, et lançait le message.

- Bonjour, ma chérie, c'est Nany. Je voulais juste savoir si tout allait bien, car cette nuit j'ai perçu de mauvaises vibrations, et je t'ai senti disparaître. C'était comme si pendant quelques instants tu avais cessé d'exister... Rappelle moi pour me rassurer. Que la déesse te garde et passes une bonne journée.
Nany Morgana Elerinna, que cela faisait du bien de l'entendre ! Elle était pour moi et pour toute la famille, une oasis de calme et de paix où nous allions tous nous ressourcer. C'était elle qui écoutait nos doléances, nos peurs, nos peines et nos joies.
Au fur et à mesure de l'écoute du message, un sourire se dessina sur mon visage, le calme et la paix revinrent en moi. Je me déshabillai prestement, et me mis en pyjama. Une fois installée confortablement au fond de mon lit, je pris le téléphone et appelai ma grand-mère. Évidemment vu l'heure matinale, je tombai moi aussi sur le répondeur et lui laissai un message.

- Salut Nany, c'est Maï, ne t'inquiètes pas. Tout va bien. J'ai juste fait un petit malaise vagal cette nuit. Rien de bien grave. Que la déesse te garde et à bientôt !

Je reposai le combiné du téléphone, et aussitôt Morphée m’accueillit dans ses bras. Comme d'habitude, trois heures de sommeil suffirent et je me réveillais fraîche et pimpante à neuf heures. J'allais me préparer une tasse de thé, lorsqu'on sonna à la porte d’entrée. Je fermai les yeux, souris et lançai :

- Bonjour, Nany, tu n’as pas eu le message que je t'ai laissé ce matin en rentrant du travail !
- Bonjour Maï, c'est bien, tu fais des progrès, dit elle en pénétrant dans le salon. Oui, j'ai eu ton message. Mais j'ai préféré venir m'en assurer par moi-même.

Je m'approchai de Nany, et baissai la tête pour l'embrasser.(Oui, je sais cela n'arrive pas souvent !) Elle sentait le citron et la sauge, preuve qu'elle était debout depuis longtemps, et qu'elle avait déjà fait  ses méditations matinales.

- Tu veux du thé ? J'étais en train de m'en servir une tasse? dis-je en me dirigeant vers la cuisine, où le samovar maintenait de l'eau chaude en permanence. Au-dessus se trouve une petite théière contenant un thé très fort. (Pour ma part j'utilise un thé noir parfumé aux pétales de rose). On peut donc à n'importe quel moment de la journée, servir dans un verre ou une tasse un peu de ce concentré allongé avec de l'eau tirée du robinet du samovar.
- Volontiers, ensuite tu me raconteras.

Je nous servis donc une tasse de thé, posai un sucre sur la soutasse, m'assis à table face à elle, et l'observai en silence. Elle attrapa le morceau de sucre, le cala entre ses dents et but son thé d'une seule traite. Elle reposa sa tasse en poussant un discret soupir de bien-être. Pendant ce temps, je sirotai mon thé, tout en réfléchissant à ce que j'allai bien pouvoir lui raconter. Je décidai de m’en tenir à des demi-vérités (tant que je ne saurai pas exactement de quoi il retourne), ce qui m'éviterait de me trahir, vu que je devenais écarlate dès que je mentais.

- Ben, voilà. Je suis descendue au laboratoire amener des examens et j'ai ressenti une impression de froid, j'ai eu les jambes qui ont cédé et un voile noir m'a emporté. Deux minutes plus tard, je suis revenue à moi. Le responsable du service avait pris soin de moi. De retour dans mon service tout allait bien et depuis, plus rien. J'ai dû faire un malaise.
- Tu sais, après 2 jours de méditation intensive, la reprise du travail à sûrement du te stresser et te perturber. Tu verras avec la pratique cela ira de mieux en mieux. Il faut vraiment que tu améliores ta méditation si tu veux réussir le passage de l’Initiation, et ainsi devenir Postulante Prêtresse Wicca Premier Grade.
- Oui, ne t'inquiètes pas Nany, j'y parviendrais.

Sur ces entrefaites, on sonna à la porte et Nany se leva.

- Bon, je vois que tu as de la visite, alors je vais te laisser. N'en fais pas trop aujourd'hui, on reprendra ta formation lors de tes prochains repos. C'est quand, au fait ?
- Je suis de repos dans trois jours, c'est-à-dire jeudi et vendredi soir.
- D'accord, alors je t'attends jeudi matin! Que la Déesse te garde! Dit-elle en ouvrant et en me faisant un clin d’œil avant de partir en laissant la porte entrebâillée.
Je jetai un œil et vis pourquoi Nany était partie comme ça. À l'entrée, se tenait ma meilleure amie, Faustine, qui elle, n'est pas du tout branchée Wicca, bien au contraire. Malgré tout nous sommes amies depuis les classes maternelles et  croyez-moi cela n'est pas près de changer. Faustine est mon antithèse : autant je suis petite, menue et châtain, aux cheveux long, autant elle est grande et blonde avec les cheveux courts. Elle est sportive et je ne le suis pas, mais alors pas du tout. Pourtant on ne peut pas rester une journée sans se voir ou s’appeler. Tant et si bien que nous nous sommes débrouillées pour que nos plannings de travail correspondent parfaitement. Elle est pompier professionnel et travaille elle aussi de nuit. Voilà pourquoi, elle se tenait devant ma porte, si tôt ce matin.

- Alors quoi de neuf, depuis qu'on ne s'était pas vu ? me demanda-t-elle.
- Assieds-toi j'ai quelque chose de très étrange à te raconter. Tu ne croiras jamais ce qui m'est arrivé cette nuit au boulot !

Sur ce, j'entrepris de tout lui raconter dans le moindre détail . Au fur et à mesure que se déroulait le récit, je vis son expression se modifier, et la vis devenir de plus en plus perplexe.

- Tu veux que je te dise le fond de ma pensée, dis-je, c'est comme si ma vie était aspirée lorsque je m'approchais de lui.
- Non, c'est n'est pas possible, ce n'est pas réaliste ! Tu as juste fait un malaise, tu as raison. Ceci mis à part, on dirait qu'il t'a fait forte impression: avoues-le ? Il t'a plu ?
- C'est  vrai qu'il est craquant, tu te rends compte: blond  aux yeux verts et ses cheveux, si tu voyais ses cheveux! Même attachés en catogan ils lui arrivent aux fesses. Je n'avais qu'une envie s'était de les caresser. Ils semblaient si soyeux, si doux, et si fins !

À mesure, que je parlais, mon cœur se mit à battre la chamade. Mes joues s'empourprèrent et ma respiration se fit de plus en plus difficile et laborieuse, des gouttes de sueur, perlèrent à mon front.

-Maï, calme toi, respire ! Vas-y ! Doucement... dit Faustine, en prenant de grandes respirations.
Je calais ma respiration sur la sienne, et peu à peu, je retrouvais  mon souffle.

- Ben, ma vieille, il te fait de l'effet ! fut tout ce qu'elle trouva à dire. Bon, si on allait faire des courses, cela nous changera les idées. Justement, j'ai vu un petit haut, pas mal du tout...

Une fois Faustine lancée sur le sujet ,on ne l'arrêtait plus. Tandis que le flot verbal continuait de s'écouler, je profitai de ces instants pour essayer de réfléchir à ce qui m’arrivait .
Tout d'abord, j'avais rencontré un sublime médecin. Ensuite, le seul fait d'évoquer ne serait-ce que le nom de ce personnage me mettait en transe. Troisièmement, lorsqu'on s'approchait l'un de l'autre, je sentais la vie me fuir, comme si elle était aspirée à l'extérieur de moi. Et enfin quatrièmement, il constituait pour moi, un fascinant mystère, qu'il allait falloir résoudre.
Une fois ces résolutions prises, et un rapide passage à la salle de bain, je me sentis mieux et pus me consacrer à Faustine le reste de la journée.

Hélas, trois fois hélas, plus rien ne se passa pendant le reste du mois de novembre.. Au travail, le Docteur Pavel n'était plus d'actualité, l'attrait de la nouveauté avait faibli, et radio cancan avait trouvé une autre victime. Seuls mes cours avec Nany avaient rythmé mes journées durant cette triste fin de mois.
La prochaine pleine lune approchait à grands pas ce qui signifiait que mon Initiation aussi. Nany ne m’épargnait rien : je devais lui réciter  le nom de toutes les plantes, leurs applications médicinales et magiques, les sorts, les formules, les rituels. Elle m'avait confié son Livre des Ombres.
C'est un recueil de textes magiques, contenant les principaux rituels, pratiques magiques de la tradition Wicca, que chaque Initié doit créer en prenant pour base celui de son formateur et en y rajoutant au fil du temps ses propres expériences, découvertes. Il fallait que je recopie, que j'apprenne celui de Nany (et croyez-moi il est épais) et que je commence à fabriquer le mien. Un véritable travail de Titans, mais dont je venais d’arriver au bout question écriture.
Ainsi peu à peu commençai-je à douter de moi.. Et plus la date fatidique approchait, plus je paniquai. Je passai mes journées et mes nuits à marmonner tout en récitant  les formules …
Le 1er décembre, je descendis à nouveau au labo pour amener des examens et récupérer des résultats.

- Formule de guérison : une gousse d'ail, deux feuilles de menthe, une pincée de verveine. Écrasez bien pour en faire une poudre, tout en récitant la formule. Grâce aux énergies universelles ce sort opérera pour celui qui le portera Qu'il en soit ainsi. Déposez la poudre dans une petite pochette de tissu vert et portez-le ou offrez-le à quelqu'un de malade, marmonnai-je en sortant de l'ascenseur.
- Vous avez fait une erreur, Mademoiselle...

Interloquée, je dévisageai le Docteur Pavel. Il semblait avoir meilleure mine. Il était encore plus magnifique si cela se pouvait, car il n'avait plus ces vilains cernes, ni cette pâleur cadavérique de la dernière fois, il me paraissait aussi plus grand que dans mes souvenirs.

- Maïwen Venceslas, répondis-je sans réfléchir. Vous pouvez m'appeler Maï, ajoutai-je en le paraphrasant.

À ces mots, un début de sourire apparût sur son visage, le transfigurant. Je ne pensais pas qu'il pourrait être encore plus beau qu'il ne l'était déjà, mais avec ce sourire il y parvenait.

- Je disais donc, que vous avez fait une erreur, Maï, ce ne sont pas deux feuilles de menthe dont vous avez besoin pour la formule de guérison, mais trois, si mes souvenirs sont exacts.
- Vous avez tout à fait raison, dis-je après quelques secondes de réflexion. Merci, beaucoup. Vous avez l'air de vous y connaître en magie! C’est tellement rare de rencontrer un Éclairé de nos jours. Vous pratiquez ?
- Non, mais il y a très longtemps de cela j'ai rencontré quelqu'un qui m'y a un peu initié, et je m'en suis souvenu en vous entendant marmonner.
- Désolée, mais je suis en pleines révisions....C’est pas tout ça, mais je viens vous amener des examens concernant Monsieur Zarriguel et  récupérer les résultats de Madame Abantin.
- Vous travaillez demain soir? me demanda-t-il à brûle-pourpoint en me tendant les résultats demandés.
- Non c'est ma soirée de repos, et  je vais au cinéma avec une amie. Pourquoi?

Il allait me répondre lorsque mon bippeur sonna. C'était mon service, il fallait que je revienne de toute urgence.

- Désolée, mais il faut que je me sauve, on parlera plus la prochaine fois . Au revoir ! Et sur ce, je m'engouffrai dans l’ascenseur.

C'est alors que je m’aperçus que je n'avais éprouvé aucunes des sensations ressenties précédemment. Aucun vertige, aucun trou noir, aucune sueur., pas de jambes en coton... Après tout, cela n'était peut être qu'un malaise finalement!
Comme j'arrivais dans la service, je compris la raison de l'appel sur mon bippeur. Pendant mon absence, il y avait eu trois entrées en urgence et le service était en pleine effervescence, tout le monde courrait dans tous les sens , et on avait besoin de tout le personnel disponible .
Cette  situation  perdura jusqu'à la fin de la nuit et c'est harassée de fatigue, que je rentrais chez moi au petit matin.  Avec des gestes d'automates, je me mis au lit, où je sombrais aussitôt dans le sommeil.
En m'éveillant fraîche et dispose, quelques heures plus tard, je découvris un message de Faustine sur mon répondeur. Elle me disait qu'elle était vraiment désolée, mais qu'elle devait décommander notre soirée ciné de ce soir, qu'elle m'expliquerai tout plus tard et que je ne m'inquiète pas.
Tans pis, je décidai que pour me changer les idées après avoir passé la journée avec Nany, je me rendrais quand même au cinéma toute seule. Et c'est ce que je fis. C'était un mercredi, jour de sortie des nouveautés. Je profitai de la file d'attente pour choisir celui que j'irai voir.
J'attendais sagement mon tour, lorsqu'une voix que je n'aurai jamais pensé entendre en ces lieux m'interpella :

- Maï ?

Je me retournai et mon cœur manqua un battement. Là, devant moi, se tenait…le Docteur Pavel.

- Docteur Pavel ? Dis-je d'une voix rendue éraillée par la surprise et l'émotion, alors vous aussi vous allez au cinéma ?
- Oui, j'ai eu envie de me détendre un peu, et appelez-moi Pavel, s'il vous plaît, laissez le Docteur à l'hôpital...Vous êtes toute seule ? me demanda-t-il.
- Oui, mon amie, a eu un empêchement.

Pendant que nous discutions, vint mon tour de prendre le ticket.

- Une place pour...
- Laissez, je vous invite, me coupa-t-il. Deux places pour «La Ligue des Gentlemen Extraordinaires» Mademoiselle, s'il vous plaît, dit-il en tendant un billet à la caissière, qui le fixait la bouche ouverte comme si elle avait devant elle la huitième merveille du monde (ce qui entre nous soit dit, était le cas).

Derrière nous, des murmures de protestations montaient de la file d'attente. Je tirai Pavel par la manche, et nous nous dirigeâmes vers notre salle.
On trouva facilement deux places côte à côte, le noir s’installa dans la salle et le film commença. Il faudra que je retourne le voir avec Faustine, car je fus incapable de me concentrer sur le film. Le profil de Pavel se découpait à la lueur de la cabine de projection, et son parfum me parvenait enivrant, suave. J'essayai de le décomposer. Il me sembla percevoir des notes boisées de  forêt, de miel, et de caramel. Il fallait aussi que je pense à respirer. J'étais tellement occupée à le découvrir, que j'en oubliai plusieurs fois de reprendre ma respiration, et m'approchai dangereusement de plusieurs évanouissements.
Finalement, la séance se termina, la salle se vida, et nous nous retrouvâmes dehors à l'air libre. Il était  dix heures du soir, tout était calme. Quelques cafés étaient encore ouverts.

- Je peux t'offrir un verre, demanda-t-il, en s'approchant  de la terrasse d'un café, ou  tu préfères rentrer directement ?
- Je...Vous...Tu...balbutiais-je misérablement. Je veux bien. Merci.

Nous entrâmes. Il restait plusieurs tables  dont une isolée dans un coin et vers laquelle il nous dirigea.
Là, pour la première fois je me rendis compte que je n'étais pas la seule à être éblouie par la perfection de Pavel. À peine installés, j'aperçus le pool des serveuses entrain de se disputer en nous jetant de rapides coups d’œil : apparemment, toutes voulaient venir nous servir. Finalement, la plus âgée l'emporta, ce qui me convenait parfaitement.
Nous fûmes donc servis par une blonde décolorée d'une quarantaine d'années, et qui papillonnait des yeux dès qu'elle s'adressait à Pavel.

- Bonsoir Monsieur, bonsoir Madame,dit elle en se tournant vers lui, vous désirez?
- Tu veux boire quoi, Maï ? questionna-t-il.
-Une verveine, s'il vous plaît.
- Et pour moi cela sera un jus de tomate. Merci.

La serveuse disparue, il se tourna vers moi .

- Alors, dis-moi. Comment une jeune fille d'environ (il me détailla de la tête aux pieds) vingt ans, et vivant au XXème siècle, peut-elle étudier la Wicca.
- Oh, ma famille est issue d'une longue lignée de Wicca et ce, depuis au moins la fin du XVIIème siècle. Pour pouvoir devenir sorcier(e), la tradition familiale impose de naître un jour important pour la Wicca. Et comme, je suis née le jour du solstice d'été, c'est-à-dire le vingt-et-un  juin, c'est moi .Ce n'est pas plus compliqué que cela. Et toi, comment connais-tu la Wicca?

Tout ce là avait été dit sur un débit rapide comme si j’étais atteinte de logorrhée. Je n’en revenais pas de lui avoir  tout raconté. Jusqu’à présent la formule de secret, avait très bien fonctionné. Mais là, les mots s’étaient écoulés comme si le sort avait été rompu. Je n’avait pu retenir les mots et ma bouche avait semblé avoir une vie propre, indépendante de ma volonté.

- Oh, moi c'est une trop longue histoire pour être racontée ce soir. Et puis ce soir, c'est moi qui pose les questions, la prochaine fois cela sera ton tour, annonça -t-il en gratifiant d'un sourire éclatant, la serveuse qui nous amenait nos consommations.

La prochaine fois avait-il dit. Ainsi il y aurait bien une prochaine rencontre, un nouveau rendez-vous !! Je n'arrivais pas à y croire !!  
Pendant que je sirotai ma verveine, je sentais mon cœur battre la chamade, affolée à l'idée d'une prochaine entrevue avec cet adonis. La soirée s'écoula à une vitesse ahurissante.
Il ne me laissait pas  cinq secondes en paix. Il paraissait vouloir tout savoir sur tout. Tous les sujets furent abordés: mon enfance, mes peurs, mes envies, mes joies, mes peines.
Il voulait tout savoir sur ce qui m'était arrivé avant que je le rencontre. Le moindre détail prenait à ses yeux une importance phénoménale, et méritait qu'on le décortique pour en retirer la quintessence. C'était comme s'il avait observé ma vie sous un microscope géant.
Ainsi, quand il apprit que j'avais perdu mes parents dans un accident de voiture, deux ans plus tôt,  il voulut  tout savoir sur ce que j'avais ressenti, sur les circonstances de l'accident…et je passai le quart d'heure qui suivit à détailler les causes de leur mort, le chagrin que j’avais éprouvé, les conséquences que cela avait eu sur ma vie....
- Je vous amène l'addition..., nous signala la serveuse d'une voix peu amène.
À ces mots, je regardai autour de moi, et m’aperçus que le café, était désert. Les chaises étaient montées sur les tables. Nous étions les derniers clients.
Gênée, je virais à l'écarlate et pendant que  Pavel réglait la note et laissait un pourboire conséquent, j'enfilai mon manteau et sortis de l'établissement comme un diable de sa boîte.
- Tu es venue en voiture ?
- Non, j'habite à une quinzaine de minutes à pied, et puis j'aime marcher.
- Je te raccompagne, même si ce n'est pas loin, je préfère ne pas te savoir seule dans les rues à cette heure-ci, dit il en regardant sa montre.

Il était en effet, deux heures du matin. Le centre-ville était vide. Nous étions les seuls. Tout était silencieux hormis de temps en temps le bruit lointain de quelque voiture filant sur l’autoroute. Les lampadaires éclairaient chichement les rues. C'était un de ces instants où on a l'impression que le temps s'étire et où les secondes semblent durer des heures.
Durant tout le trajet, j'eus une étrange sensation, comme si quelqu'un nous suivait. Je sentais les poils de ma nuque se redresser, et jetai plus d'une fois un coup d’œil par-dessus mon épaule, rien, personne. Mon manège finit par intriguer Pavel.
- Tout va bien Maï ?

- Oui, j'ai juste de drôles de sensations. Finalement, je suis contente de ne pas avoir fait le chemin toute seule. Et d'ailleurs, je suis arrivée, dis-je en m'arrêtant devant la porte de mon immeuble. Merci beaucoup pour cette soirée.
- Je t'appelle dans quelques jours, on se programmera une autre sortie si tu es d'accord. En attendant voici ma carte. N'hésites pas à m'appeler.
Sur ce, il me tendit un petit rectangle de bristol d''une extrême sobriété : d'un côté son nom écrit d'une belle écriture, et de l'autre un numéro de téléphone.


Il se pencha et ses lèvres frôlèrent ma joue, tandis que j’insérai la clef dans la serrure. Une fois la porte ouverte, je me retournai pour le remercier  une dernière fois. Trop tard : il avait disparu.



-2-

Doutes



2011


Cette nuit-là, je rêvai, quand soudain un cri retentit.

Je me réveillai en sursaut. A cet instant, je me rendis compte que c'était moi qui avais crié. Je me retrouvai assise sur mon lit, le cœur battant la chamade, les mains serrées sur la poitrine et trempées de sueur et de larmes.

Je tournai la tête vers mon radio- réveil: les chiffres lumineux indiquaient 5: 00. J'avais donc dormi deux heures et demie. Je décidai de me lever, vu que je ne pensai pas pouvoir me rendormir.

Je voulais aussi profiter du calme de la ville,encore endormie profondément quelques heures avant l'aube, pour me pencher sur mes révisions Wicca. Mais avant toute chose, je sortis mon Livre des Ombres, ma plume de Quetzal, mon encrier, et me mis en devoir de retranscrire le rêve ou plutôt le cauchemar de cette nuit.

La retranscription fut laborieuse car les souvenirs se délitaient à très grande vitesse. Aussi, je décidai de réciter la formule pour retrouver ce qui est perdu. Je feuilletai le Livre des Ombres pour la retrouver et récitai à voix basse:

      Je me laisse maintenant guider
      Vers mon rêve perdu
      Que je souhaite retrouver
      Afin que je ne le cherche plus

      Au bout du compte l'écriture du rêve me prit une bonne demi-heure.

Rêve de la nuit du Mercredi 02 décembre 2015

--
Je me promenai avec Faustine dans les bois entourant la ville. Nous marchions sur le sentier, en discutant de tout et de rien. Le soleil de décembre dardait ses rayons lumineux au travers des branches, et le doux murmure d'un ruisseau nous accompagnait. Tout était paisible, calme, serein.
Soudain, je sentis les poils se dresser sur ma nuque, le froid m'envahir et nous aperçûmes une nappe de brouillard au bout du chemin. Cette brume se mit à progresser vers nous et finit par nous cerner totalement. Je ne distinguai même plus Faustine qui, pourtant se trouvait juste à coté de moi.
Tout à coup, un hurlement retentit et un magnifique loup blanc apparût en lieu et place de mon amie. Je reculai effrayée, me pris les pieds dans des racines, et me retrouvai par terre. Je continuai de m'éloigner ainsi, pédalant le plus vite possible. Je ne m’arrêtai que lorsque l’énorme bête se mit à gémir et à se coucher en me jetant un regard triste et implorant.
C'était un animal splendide qui devait faire un mètre soixante-quinze au garrot au bas mot, avec de superbes yeux turquoise. Son pelage semblait si soyeux, que l'on avait envie de le caresser. J'y étais presque parvenue, lorsque à nouveau les poils de ma nuque se hérissèrent, le froid me pénétra. Le loup et la brume disparurent pour laisser place à un noir d'encre. Dans un rayon de lune, je vis soudain une pâle silhouette, flottant au-dessus du sentier ...Un cri retentit ... et je me réveillai en sursaut.
12/10/2011
À huit heures du matin, je descendis à la voiture garée sur le parking de l’immeuble, et partis rejoindre la maison de ma grand-mère, afin de pouvoir lui parler de mon rêve et de continuer les révisions.
Elle habitait à la sortie de la ville, à l'orée de la forêt de Brocéliande, une vieille maison en torchis, aux sols en terre battue et aux murs recouverts de lierre, avec, juste derrière elle, le lavoir en bois appuyé au ruisseau. Une maison de carte postale mais qui a longtemps abrité sous son toit Humains, vaches et veaux, poules et lapins, chacun de son côté mais dans la même chaleur d'étable. Maintenant il ne reste plus aucun animal, et Grand-mère a investi tout l'espace.
Mais ne vous fiez pas aux apparences, même si de l'extérieur la maison semble sortie tout droit du début du XXème siècle, l'intérieur, lui a tout le confort moderne : électricité, téléphone, télévision avec parabole, et même un ordinateur connecté au Web. Le plus choquant pour le visiteur, est l'anachronisme tout à fait étonnant que provoque, garée devant cette carte postale de l'ancien temps, une superbe porche spider rouge, le péché mignon de Nany, avec la vitesse.
Nany était dehors, à profiter des quelques rayons du soleil matinal de décembre, assise sur le banc en pierre jouxtant le mur de sa maison.

- Bonjour, Maï, me dit-elle dès que je fus descendue de la voiture. J’espère que tu as eu le temps de réviser. Aujourd'hui nous allons étudier les rituels magiques, et vu le peu de temps qu'il nous reste nous n'aurons pas le temps de revenir en arrière pour vérifier que tu as tout appris. Je te fais donc confiance pour bien étudier.
- Oui, Nany, ne t'inquiètes pas ! Mais avant je voudrai te montrer quelque chose. Cette nuit j'ai fait un rêve bizarre et je l'ai noté dans le Livre des Ombres. Je pense qu'il doit signifier quelque chose, mais je n'arrive pas à savoir quoi. Peux-tu m'aider à le comprendre ?
- Bien entendu ma chérie, viens entrons !

Dès que nous fûmes entrées, je déposai mon Livre sur la table. Nany s'en saisit et commença à lire le récit de mon rêve.

       - Incroyable ! Fantastique ! Apparemment tu as fait un rêve de Vision ! Normalement, il faut après avoir été initié, partir dans ton Lieu d'Appel, jeûner et attendre, mais pas plus de trois jours. Ceux d'entre nous qui ont alors une Vision, deviennent généralement de Grands et Sages Wicca. Celle que l'on appelle La Première, la créatrice de l'Ordre des Protecteurs (ordre dont nous faisons partie, je te le rappelle) a été la seule à ma connaissance, à avoir son rêve Vision, avant de passer son Initiation. Dis moi une chose, avais tu jeûné ?
      - Oui , cela faisait deux jours que je n'avais pas mangé, car je me sentais oppressée.
     - Bon, Ne t’inquiètes pas pour sa signification, le moment venu, tu comprendras. Par contre en attendant n'en parle à personne. Maintenant continuons. Donc aujourd'hui…

Et la journée s'écoula, rythmée par les pauses-thé, que nous prenions dehors assises sur le banc de pierre. Vers sept heures du soir, alors que le soleil disparaissait, nimbant l'horizon de rose et de gris, mon téléphone se mit à vibrer : j'avais un message : «Rendez-vous ce soir à dix-neuf heures trente; il faut qu'on parle. Signé Faustine».                                                            14/10/2011
Pendant le trajet du retour, je n'arrêtai pas de me perdre en conjonctures au sujet du message de Faustine. De quoi voulait elle donc me parler ? Que se passait-il, que lui arrivait-il ? Cela faisait à peine cinq minutes que j'étais arrivée lorsque cette dernière déboula comme un ouragan dans le salon.

      - Maï, tu ne devineras jamais, c'est à peine croyable !
Elle était tellement excitée, qu'elle ne tenait pas en place. Elle s’assaillait sur une chaise, se relevait, allait s’asseoir sur le canapé, me rejoignait dans la cuisine, une vraie boule de nerfs. Tout ça en répétant à tout bout de champ : «c'est à peine croyable ! » Je réussis enfin à l'intercepter.

      - Bon, pour commencer, tu restes là, dis-je en la poussant de force sur une chaise. Ensuite, tu vas boire l'infusion calmante que je vais te donner, et après seulement, tu me raconteras, continuai- je en me dirigeant vers la cuisine pour la préparer.

Une fois prête, je la versai dans deux tasses et rejoignis Faustine qui m’attendait assise près de la table où je prends mes repas. J'attendis qu'elle ait fini de boire sa tasse. Une fois que cela fut fait:
      - Maintenant, je t'écoute, lui dis-je.
      - Tu sais que ma grand-mère est décédée, il y a bientôt un an, et que ma mère et elles ne se parlaient plus depuis plusieurs années. Maman a enfin réussi à vendre la maison de grand-mère. On a passé le week-end à la débarrasser, et dans le grenier, j'ai trouvé dans un carton les journaux intimes qu'elle écrivait. Elle a commencé à écrire pendant la guerre, elle avait dix-neuf ans et ne s'est arrêtée qu'une semaine avant sa mort, à son entrée à l'hôpital (J'ai trouvé le dernier dans sa chambre). Je les ai gardés et j'ai commencé à les lire. J'ai fait trois découvertes : la première, c'est que ma grand -mère faisait partie des passeurs qui aidaient les persécutés à venir en France. La deuxième, c'est qu'une des personnes qu'elle a rencontrée à cette époque là  s'appelait A. Von Ranke.
À ces mots, je me mis à l'écouter encore plus attentivement. Elle sourit, me regarda, et continua:

      - Enfin, la dernière et non la moindre, j'ai trouvé une photographie datant de cette époque avec écrit derrière : A et moi – vendanges '41 dit elle en agitant ladite photo sous mon nez.

Je la lui arrachai des mains et la regardai attentivement. C'était une petite photo en noir et blanc. On y voyait un homme et une femme posant devant une grange. Elle était prise de loin mais on reconnaissait sans mal le docteur Pavel. J'en restai bouche bée, comme si mon cerveau refusait de comprendre et surtout de croire ce que mes yeux voyaient. Je secouai la tête pour essayer de me sortir de l'hébétude dans laquelle la vision de cette photo m'avait plongé. Je secouai donc la tête, me raclai la gorge, et dis d'une voix sourde :

      - Non, impossible que cela soit Pavel sur cette photo. L'homme en question devrait avoir dans les 90 ans actuellement. Cela devait être son grand-père et il est tout à fait possible que Pavel lui ressemble. Je peux la garder un moment, je vais en faire une copie, et je te la rendrai plus tard ?
       - Oui, bien sûr.
       - Au fait, pour parler d'autre chose, pourquoi tu m'as fait faux bond hier soir ?
      - J'aurais préféré être avec toi, mais mon petit cousin est hospitalisé et je suis restée avec lui cette nuit, car ses parents ne pouvaient pas et m'avaient demandé de les remplacer à son chevet. Et toi ? Tu as fait quoi ?

J'entrepris donc de lui raconter ma soirée par le détail, mais en omettant le rêve comme Nany me l'avais recommandé.

       -Waouh ! ! Dis donc ! Ce Pavel: il faudra que tu me le présentes un de ces jours !
     - Eh doucement, ne vas pas plus vite que la musique. Mais ne t'inquiètes pas, s'il devait se passer quelque chose entre nous, tu seras la première à le savoir. N'es-tu pas ma meilleure amie ?
15/10/2011
Depuis, deux jours, au travail j'avais constamment sur moi la photographie de Faustine. Je l'avais agrandie de manière à ce que l'on distingue parfaitement les personnages qui s'y trouvaient .Et décidément, on ne pouvait douter de la réalité de Pavel sur ce cliché. Je ne parvenais pas à trouver une explication logique à tout cela. Devant Faustine, j'avais argué que ce ne pouvait être que son grand-père, mais alors ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.
En feuilletant le Livre des Ombres, j’étais tombée sur un texte qui m'avait intriguée, et troublée. Il s'agissait d'un texte traitant de vampires, si tant est qu'ils existent, dans lequel il était dit entre autres choses, que ces derniers étaient incroyablement beaux et extrêmement pales voire même blafards, ne buvaient ni ne mangeaient rien (hormis du sang), ne sortaient que la nuit, et qu'ils étaient incroyablement froids. Le texte ajoutait que lorsqu'ils étaient en manque, assoiffés, ils aspiraient l’Élan Vital de toute personne les approchant et surtout les touchant, ce qui provoquait chez leurs victimes : froid, vertiges et évanouissement. (Cela ne vous rappelle rien ? ).
Moi, je n'avais pu m'empêcher de faire le rapprochement avec Pavel, ou plutôt avec ce qui m'était arrivé lors de notre première rencontre. Après mures réflexions, j'étais parvenue à certaines conclusions que voici :
   a) Pavel travaille de nuit (moi aussi me direz-vous) et il faisait encore nuit lors de notre rencontre fortuite au cinéma.
   b) il était très difficile voire même impossible de faire parler Pavel de lui, de son passé.
  c) Il a commandé un jus de tomate (rouge et visqueux comme du sang) son verre était encore plein lorsque nous sommes partis.
   d)Il était blanc comme un linge et glacial.
   e)les symptômes décrits dans le texte correspondaient en tout point à ceux que j'avais éprouvés lors de notre première rencontre.                  16/10/2011
Plus je réfléchissais, plus le mystère Pavel s’épaississait, et je n'avais rien à quoi me raccrocher mis à part les élucubrations abracadabrantes qui me venaient à l'esprit. Je décidai donc deux choses: d'abord , il me fallait plus de renseignements sur les vampires (si toute fois ils existent), et ensuite je devais me renseigner sur Pavel pour tenter de comprendre la signification de cette photographie. Je décidai donc de profiter de mes 2 jours de repos pour enquêter plus avant    18/10/2011
Comme convenu, je passai mes journées avec Nany, mais mes soirées étaient consacrées à des recherches sur le Net. Je ne trouvai pas grand-chose.
Sur les Von Ranke, je n'en ai trouvé qu'un, à savoir, Léopold Von Ranke, historien allemand, né le 21 décembre 1795 à Wiehe (Unstrut) et décédé le 23 mai 1886 à Berlin et c'est tout. Je suis même allée au service d'état civil où je n'ai trouvé aucune trace d'un dénommé Anastase Pavel Von Ranke ni même d'un Anastase Von Ranke ou encore d'un Pavel Von Ranke.
Sur les vampires eux-mêmes, à part la définition du dictionnaire que voici : «mort qui sort de son tombeau pour aller aspirer le sang des vivants», je n'ai trouvé qu'une autre source fiable : le livre des superstitions, qui lui, dit ceci:
«Le vampire est un être énigmatique de la nuit, se transformant en brume. Sensuel et ténébreux, le vampire aime vivre dans de belles demeures (vieille ou pas) à l’écart de la population. Le vampire doit dormir dans la terre de ses ancêtres pour un repos parfait et pour régénérer ses pouvoirs. Il est allergique à l'ail, l'argent, aux croix(tenues par des croyants), l'eau bénite, les hosties et le soleil. Il a la peau blafarde, froide et dure comme le roc. Il est très rapide et peut développer certains pouvoirs. Il se nourrit de sang exclusivement.»
Tout le reste n'était qu’affabulations et billevesées.
Je n'étais guère avancée, et décidai donc que le mieux serait encore de questionner le premier concerné, lors de notre prochain rendez-vous. Tout cela perturbait mes révisions. Mon esprit étant obnubilé par cette énigme, j'étais distraite, et Nany commençait à s’arracher les cheveux et à désespérer.

        - Maï, cela ne peut plus durer me dit-elle lors de notre rendez-vous, une semaine plus tard. Dans onze jours exactement tu passes ton Initiation, et je te sens perturbée. Il faut que tu te ressaisisses. Si quelque chose te perturbe, tu ne pourras pas être à cent pour cent, et tu risques d'être recalée...Donc, si tu n'arrives pas à faire abstraction de tes soucis, règle les une bonne fois pour toute, et cela avant notre prochaine rencontre. On se voit quant au fait ?
        - Samedi et dimanche, si tu es disponible.
      - D'accord, mais tu as bien compris, je te veux l'esprit clair, dégagé de tous nuages, ou ce n'est pas la peine de venir car nous perdrions notre temps !                    
                                                                         28/10/2011
Voilà pourquoi, le lendemain soir, pendant la pause, je descendis au deuxième sous-sol. J'avais passé ma journée à me répéter le discours que j'allai lui tenir. Pour me donner du courage, je tapotais ma poche : la photo s'y trouvait. D'ailleurs pour être honnête, je l'avais toujours sur moi depuis que j'en avais fait une copie.

Lorsque la porte de l’ascenseur s'ouvrit, ce fut un silence pénétrant qui m'attendait. Pas un bruit, pas un souffle, pas un murmure, juste les néons qui grésillaient.



       - Pavel! Pavel ! Où êtes-vous ?



J'étais étonnée de ne pas le voir. Pourtant ,la Responsable du Personnel auprès de qui je m'étais renseignée m'avait assurée qu'il travaillait ce soir. Je fis le tour du laboratoire, regardai dans les moindres recoins : personne !

Tout à coup je sentis une présence derrière moi, je me retournai et le vis, nonchalamment accoudé à la paillasse et qui m'observait .



      - Eh, bien que me vaut l'honneur de votre visite ? Je ne vous ai pas fait peur, j'espère ? J'étais sorti prendre le pouls de la nuit et l'écouter respirer, lorsque je vous ai entendu m’appeler, dit-il en me vouvoyant à nouveau.

      - Oui..Non...eh bien.. Euh...ce fut tout ce qui me vint à l'esprit, tellement j'étais perturbée par le fait qu'il me vouvoie à nouveau.



Je pris une grande inspiration pour me calmer, cela fonctionna. J'en pris donc une autre et me lançai une seconde fois.

       -Je suis venue voir si l'on pouvait manger un morceau ensemble demain midi, il faut que je vous montre quelque chose.
      - Demain midi ce n'est pas possible, j'ai déjà un rendez-vous, et demain soir je travaille mais pour samedi soir,il n'y a pas de problème. Je passerai vous chercher vers 20 h 00 si cela vous va.
       - Moi aussi je travaille demain et j'ai le week-end de repos, alors oui, c'est d'accord : samedi soir 20 heures. Je réserverai un restaurant, vous avez une préférence ? Italien ? Chinois ?
       - Ne vous donnez pas cette peine. Je vous invite à la maison et je vous préparerai un bon repas, du moins si vous êtes d'accord. Comme cela nous serons plus tranquilles pour parler, en tout bien tout honneur, bien entendu, a-t-il ajouté voyant que j’hésitai.
       - Pas de soucis, ai-je répondu, mais, continuai- je d'un ton ferme et définitif, je viendrai dans ma propre voiture, comme cela vous ne serez pas obligé de me raccompagner.

Un silence de plomb salua ma sortie. Pavel fronça les sourcils et pinça les lèvres. Je l'avais vexé. Mais bon, ce n'était quand même, que notre premier vrai rendez-vous. Comme le silence s'éternisait, je consultai ma montre et déclarai que ma pause étant finie, il fallait que je rejoigne mon service. Et c'est sur un «A samedi soir !» retentissant que je tournai les talons et pris la direction de l’ascenseur.
J'en restai interloquée: il avait trouvé une excuse pour que nous ne nous rencontrions pas dans la journée. Mais bon, j'étais peut-être mauvaise langue... il avait peut-être réellement un rendez-vous.... Encore plus perplexe, que je ne l'étais avant de descendre, je repris mon travail. Le temps passa, et la nuit de travail s'écoula sans aucun problème.
La journée suivante me parut s'étirer en longueur. Je parvins cependant à contenir mon impatience et à mettre mes doutes de côté durant toute la journée du samedi que je passai à réviser avec ma grand-mère. Par contre, aux environs de sept heures du soir, je commençai à trépigner et à regarder ma montre, toutes les cinq minutes.

       - Bon allez, vas-y, me dit Nany, je suis fière de toi aujourd'hui, on a bien avancé. Si cela se passe aussi bien demain, tu ne devrais plus avoir d'inquiétudes au sujet de ton Initiation... Que La Déesse te garde !

Elle n'avait pas terminé sa phrase, que j'étais dans ma voiture et lui faisais au revoir de la main.
Arrivée à l'appartement, je me déshabillai tout en me dirigeant vers la salle de bain et me précipitai sous la douche.
Cinq minutes plus tard, en peignoir et une serviette enroulée autour de ma tête, je me trouvai devant mon armoire grande ouverte avec la problématique suivante : qu'allais-je mettre ? Mon jean, non trop décontracté. Ma petite robe noire, non trop habillée. Finalement, j'optais pour une jupe droite noire, un petit chemisier rose, associé à un boléro noir, des collants noirs et des ballerines. Pour aller dehors, je préparai mon blouson en cuir noir. J'étais en train de me coiffer, lorsque la sonnette retentit.

       - C'est Pavel, me dit une voix à travers l'interphone.
       - Montez, je termine de me préparer, c'est au deuxième étage, la porte de gauche.

Moins d'une minute plus tard, j'entendis frapper à la porte. J'ouvris et l’aperçus : il était magnifique.Il était habillé tout en noir : pantalon en cuir, pull en cachemire, et son cache-poussière. Cette tenue, mettait en valeur encore plus, si cela était possible, ses cheveux blonds et ses superbes yeux verts.

       - Entrez, et mettez-vous à l'aise, j'en ai pour cinq minutes. Je vous sers quelque chose pour patienter, un thé, un café, un verre d'eau, proposai-je en me souvenant des règles de bienséances que m'avaient inculquées mes parents.
       - Non merci, cela ira.
       - J'arrive, alors.

Je filai dans la salle de bain pour finir de me coiffer, et m'asperger de parfum.

       - C'est bon, je suis prête, on peut y aller, dis je en attrapant mon sac et mes clefs.

Je le suivi donc jusque chez lui. Il habitait du côté opposé à Nany, et en pleine forêt de Lanoué. Après avoir suivi pendant cinq kilomètres environ, un chemin de terre, nous parvînmes, sur une clairière circulaire. Au milieu, se dressait une splendide villa moderne.


Le rez-de chaussée, était composé de 3 cubes disposés en quinconce, et qui supportaient les 3 bulles qui constituaient l'étage. Devant, de larges baies vitrées regardaient la forêt, derrière, elles s'ouvraient sur une piscine. Une terrasse zigzaguait autour de la maison. L'ensemble d'un blanc immaculé, était entouré d'une pelouse verdoyante.



-3-


Transformations





04/11/2011

Nous entrâmes directement dans la salle à manger où le couvert avait été mis pour deux personnes. Sur une nappe blanche damassée, des assiettes de fine porcelaine se faisaient face à chaque bout de la table, des verres en cristal et des couverts en argent complétaient le tableau. Deux chandeliers en bronze, situés de part et d'autre d’un énorme bouquet de roses blanches trônaient au milieu de la table, et éclairaient la pièce de leur seule lueur.
Tout ce faste m'oppressa et je dus reprendre ma respiration. À cet instant, je fus assaillie par de merveilleux effluves, en provenance de la cuisine. Sur le bar séparant les deux pièces étaient disposés quantité de petits fours et d'amuse-bouche.

     - Vous êtes certain de n'avoir invité personne d'autre ? Lui demandai-je étonnée par la quantité de nourriture.
      - Oh il n'y en a pas tant que ça ! Juste deux de chaque sorte, car je ne connaissais pas tes goûts....Je peux te débarrasser, me dit-il en désignant mon blouson.
      - Volontiers, merci. Pavel, il faut qu'on parle, j'ai quelque chose à te montrer.
      - Plus tard, d'abord dînons tranquillement, et ensuite nous parlerons, je te le promets. Comme cela la soirée ne sera pas complètement gâchée, dit-il avec un triste sourire.

05/11/201
Pendant tout le temps que dura l'apéritif et le repas, il fit en sorte de ne parler que de la pluie et du beau temps, lorsqu’il était assez longtemps avec moi pour que nous puissions parler. En fait il était tout le temps debout. Il allait chercher du pain, de l'eau...
Il trouvait tout le temps un prétexte pour quitter la table, et n'a quasiment jamais touché à son assiette, se contentant de picorer ici et là. Peu à peu, à mesure que se rapprochait le moment où il ne pourrait pas faire autrement que de me parler, l’atmosphère de la pièce s'alourdissait.         06/11/2011

Il insista pour que nous prenions le café dans le salon attenant. Il posa le plateau qu'il avait préparé sur la table basse, et s'assit sur le fauteuil, me laissant le canapé à disposition. Avant de m'asseoir, je filai récupérer la photographie dans mon sac. Je m'approchai de lui, et lui tendis la photo .

      - Peux tu m'expliquer qui sont ces personnes ? demandai-je en ne le quittant pas des yeux.

Il devint encore plus pâle qu'il ne l'était d'habitude, ses yeux se voilèrent, et son sourire disparut. Il posa sans mot dire la photo sur la table, de manière à ce que l'on ne voit plus les personnages.
Il se leva d'un bond, si vite que je ne m'en aperçus pas, et disparut de ma vue pour réapparaître debout, devant la baie vitrée du salon. Il me tournait le dos, laissant son regard se perdre dans la forêt. Je me levai à mon tour, m'approchai de lui, et tendis le bras pour lui caresser l'épaule.

      - Pavel…

Je n'avais pas terminé ma phrase et mon geste, qu'à nouveau, sans que je m'en aperçusse, il avait disparu, et se retrouvait à l'autre bout du salon, appuyé contre l'embrasure qui séparait ce dernier de la salle à manger. Il avait les bras croisés sur la poitrine, et me fixait le front haut, et le regard fier.

      - Ne me touches pas, me dit-il d'une voix si basse que j'eus du mal à l'entendre. Ne me touches pas, répéta-t-il la voix plus ferme et plus forte. Il vaudrait mieux pour nous deux que tu partes, je ne peux plus te parler, ni te toucher, ni même être dans la même pièce que toi...
      - Bon, pour commencer, mets toi dans la tête, que je ne partirai pas, lui rétorquai-je. Je suis venue pour avoir des explications et je les aurai. En suite, puisque tu ne veux pas parler....
      - Ce n'est pas que je ne VEUX pas, hurla-t-il en me coupant la parole, c'est que je ne PEUX pas !
      - Bon d'accord, tu ne peux pas, rétorquai-je calmement. Alors pour commencer tu vas venir te rasseoir , continuai-je en lui montrant le fauteuil qu’il avait quitté. Ensuite, tu vas m'écouter, et tu te contenteras de hocher la tête si ce que je te dis est correct. Hocher la tête, ce n'est pas parler cela non ?

Il opina de la tête pour me le confirmer et un léger sourire revint sur son visage. Ce n'était pas encore un vrai sourire, mais avant la fin de la soirée j'étais certaine que je finirai par en obtenir un.
Il consentit enfin à s'asseoir et repris place sur le fauteuil. Je me posai quand à moi sur le canapé, me penchai en avant, les bras posés sur mes genoux pour me rapprocher au maximum de lui sans le toucher et paraître vouloir envahir son espace. Je pris une grande inspiration et me préparai à commencer mon discours , lorsque mon portable sonna.                                                         .20/11/2011


C'était Faustine. J'étais sidérée. Comment osait elle m'appeler dans un moment pareil. Elle le savait pourtant, que j'avais rendez-vous avec Pavel, et que s'était important pour moi. J'étais si furieuse après elle, que j'eus un instant envie de ne pas répondre, mais s'était ma meilleure amie et avec un énorme soupir, je lançai un regard désolé à Pavel :

      - Excuses moi, il faut que je réponde.
      - Je t'en prie. Vas-y réponds, c'est peut-être important...me dit-il sur un ton qui me parut être soulagé.

Je décrochai donc, et perçus une voix ténue qui disait :

      - Maï, aide moi … J'ai peur, je ne sais pas ce qui m'arrive...
      - Faustine, c'est toi ? Tout va bien ? Réponds moi... bafouillai-je paniquée, en me mettant à faire les cent pas dan le salon. Ne t'inquiètes pas … J'arrive... Je suis désolée, il faut que j'y aille. C'est ma meilleure amie, je ne sais pas ce qu'elle a, mais cela semble grave, il faut que j'y aille.
      - Maï, calmes toi ! me dit Pavel en interrompant mes allées et venues. Regardes-toi, tu n'es pas en état de conduire, tu trembles de tout ton corps.

Et effectivement je baissai mes yeux, et m'aperçus que j'étais prise d’effroyables tremblements.

      - Tu as le choix : ou tu attends de t'être calmée, ou je te conduis de suite à ton amie.
      - Amènes moi s'il te plaît, amènes moi...
      - D'accord, viens.

D'un seul mouvement, il me prit par la main, attrapa nos manteaux de l'autre, et nous entraîna à sa voiture.

      - C'est quoi l'adresse de ta copine ? Me demanda-t-il tout en conduisant. Je la lui donnai. D’accord, je sais où c'est. Accroches toi, on y sera vite, ne t'inquiètes pas.

Il n'avait pas menti. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous étions parvenus à destination. Lorsque je lui fis remarquer qu'il avait roulé à tombeaux ouverts, en pleine ville, il me répondit que si on l'avait arrêté, il aurait eu l'excuse d'être médecin et de se rendre sur une urgence.
Je l'observai du coin de l’œil, pendant qu'il se garait. Il avait le visage grave, inquiet. Mais ses yeux eux, paraissaient plein de soulagement.

      - Tu ne perds rien pour attendre, lui dis-je d'un ton résolu. D'abord je m'occupe de Faustine, et ensuite de toi. Crois moi, avant la fin de la nuit, nous parlerons, ou plutôt, je parlerai et tu écouteras. Bon, allons-y.

25/11/2011
Sur ces mots, je m'extirpai de sa voiture et grimpai quatre à quatre les marches nous séparant du deuxième étage et de l'appartement de Faustine.
Arrivée devant sa porte, je tournai la poignée. Impossible d'ouvrir, la porte était fermée. De l'intérieur nous parvenaient des gémissements ténus et continus. Quelqu’un était blessé ou tout du moins souffrait. Je me tournai vers Pavel qui était arrivé sur le pallier en même temps que moi :

      - Aides moi, tu veux, ouvres cette porte, dis-je en le regardant d'un air entendu, car je me souvenais avoir lu quelque part que les vampires étaient dotés d'une force surhumaine, et que par conséquent Pavel pouvait défoncer la porte sans subir le moindre dommage, si l'envie lui en prenait.

Il me jeta un regard noir, me bouscula, tourna la poignée et entra. La scène que nous découvrîmes à ce moment là, nous figea sur place.
Faustine était allongée sur le sol où elle se tordait de douleur en poussant des gémissements qui me paraissaient de moins en moins humain. De l'écume apparut au coin de ses lèvres . Cela ressemblait à une crise d'épilepsie, telle qu'elle est décrite dans les livres à une différence près.
Lorsque je m'approchai d'elle et lui posai la main sur le front pour essayer de la calmer, nous fîmes toutes les deux un bond en arrière. Elle était si bouillante, que je ne pouvais pas laisser ma main sur son front. Je me tournai vers Pavel :

      - Tu es docteur, aides la... Je crois qu'elle fait une crise d'épilepsie, mais cela pourrait tout aussi bien être autre chose car elle est bouillante. Elle l'est tellement que je ne peux même pas laisser ma main sur son front.
       - Je ne veux pas t'inquiéter, mais il faut que nous la ramenions chez moi. Là-bas je pense que j'aurai de quoi la soulager. Allons-y, il ne faut pas perdre une seule seconde, où il sera trop tard...

Sur ces paroles, il saisit Faustine dans ses bras, et sortit de l'appartement.
Si j'avais pensé lors du trajet aller que Pavel avait roulé vite, que dire du trajet retour... Heureusement pour nous, il était tard et il n'y avait aucune circulation car il devait se croire sur un circuit automobile. Le compte tours ainsi que le compteur kilométrique étaient bloqués à leur maximum, le moteur rugissait et la ville défilait sans que le regard puisse capter la moindre image.
J'eus l'impression qu'il ne s'était écoulé que le temps d'un battement de cils lorsque Pavel s'arrêta dans son allée, et sortit Faustine de sa voiture tout aussi précautionneusement qu'il l'y avait installée.
Je suivis comme je pus ses grandes enjambées, mais à ma grande surprise, il se dirigea vers son garage au lieu de se diriger vers la maison. Il dut sentir ma surprise, car il me regarda avec son fardeau dans les bras et dit :

      - J'ai moins de choses qui se cassent dans le garage, et à mon avis cela risque d'être violent.
      - Violent comment ? Tu sais ce qu'elle a ?
     - Je pense, oui, mais avant il faut que je vérifie quelque chose. Et il disparut dans les entrailles de sa maison.

14/12/11
Finalement,au bout de quelques minutes qui me parurent être une éternité, il revint. Il se mit alors à tourner, d'abord lentement, puis de plus en plus vite autour de Faustine en psalmodiant des mots en latin, et tout aussi brusquement qu'il avait commencé, il s'arrêta.

Je le regardai attentivement et m'aperçus que ses yeux étaient devenus complètement verts. Le blanc avait totalement disparu, et avait laissé la place à deux billes émeraude. Il se figea devant Faustine, planta ses yeux dans les siens et murmura :



      - Loup !!



Le corps de Faustine se raidit. Sa peau se fendit à plusieurs endroits de plaies profondes. Un liquide visqueux sortit de ses plies et un hurlement, qui n'avait rien d'humain lui échappa. Il s'approcha d'elle, lui mit autour du coup, un énorme collier de métal, qu'il fixa à l'aide d'une chaîne à un anneau de métal scellé dans le sol de son garage.



     - Loup !! redit Pavel d'une voix plus forte.



À nouveau, le corps de Faustine réagit mais encore plus violemment que précédemment. Je m'approchai de Pavel, prête à intervenir. Je voulais qu'il cesse de la torturer, et qu'il commence enfin à la soigner. Sans quitter Faustine des yeux, il tendit un bras pour m’empêcher de les approcher et dit :

      - Si tu veux sauver ton amie, laisse-moi finir ce que j'ai commencé. Sinon elle mourra. Je te promets qu'ensuite, on aura notre discussion et que je t'expliquerai tout. Mais je t'en conjure, laisse- moi agir, et ne m'interromps pas. Le temps presse, et je veux avoir fini avant l'aube.
      - D'accord, j'ai confiance en toi... dis-je en reculant. Je me retrouvai appuyée contre le mur faisant face à Pavel, je croisai alors les bras et me laissai glisser, pour finir assise par terre, afin de bien lui montrer que je croyais en lui et que je n'interviendrai plus.
Il se remit alors à tourner, d'abord lentement, puis de plus en plus vite autour de Faustine en psalmodiant toujours des mots en latin.
Pendant ce temps là, au milieu du cercle que décrivait Pavel, Faustine se tordait de douleur. Ses yeux roulaient dans leurs orbites et de l'écume moussait au coin de sa bouche. Cela ressemblait à une crise d'épilepsie couplée à une agonie provoquée par de la strychnine. Je vous promet que ce n'était pas beau à voir.


Pendant ce temps-là, au milieu du cercle que décrivait Pavel, Faustine se tordait de douleur. Ses yeux roulaient dans leurs orbites, et de l'écume moussait au coin de sa bouche. Cela ressemblait à une crise d'épilepsie couplée à une agonie provoquée par de la strychnine. Je vous promets que ce n'était pas beau à voir.
Faustine se retrouva tout à coup à quatre pattes, le dos cambré. Sa peau ondoya comme de l'eau et sa colonne vertébrale se déforma, alors qu'elle tendait ses mains et pressait son visage vers le sol.
Ses articulations déchirèrent la chair de ses mains. Elle grogna. On eut dit que des asticots grouillaient sous sa peau.
Puis sa colonne vertébrale ondula. De la fourrure couleur de neige la recouvrit, se répandant sur sa peau à la manière de ricochets. Un liquide transparent suintait des plaies, à l’endroit où les os transperçaient sa chair. Ses muscles roulaient et se tortillaient tels des vers.
Des craquements accompagnaient la transformation. On eut dit que la bête tapie en elle, tentait de crever sa peau d'humaine, de s'en débarrasser comme d'un vêtement devenu trop étroit. Je me réjouis que la fourrure me masque certaines des transformations
Tout à coup, une bête émergea de sa peau, tel un insecte de sa mue. C'était un loup. Il se rua vers Pavel, toutes griffes et tous crocs dehors. Á la vitesse de l'éclair, ce dernier recula assez pour se retrouver hors de portée de l'animal.
C'était un animal splendide qui devait faire un mètre soixante-quinze au garrot au bas mot, avec de superbes yeux turquoise. Son pelage semblait si soyeux, que l'on avait envie de le caresser. J'y étais presque parvenue, quand Pavel m'en empêcha en me tirant hors de la portée de la bête 

Tout à coup, une bête émergea de sa peau, telle un insecte de sa mue. C'était un loup. Il se rua vers Pavel, toutes griffes et tous crocs dehors. A la vitesse de l'éclair, ce dernier recula assez pour se retrouver hors de portée de l'animal.
C'était un animal splendide qui devait faire un mètre soixante-quinze au garrot au bas mot, avec de superbes yeux turquoise. Son pelage semblait si soyeux, que l'on avait envie de le caresser. J'y étais presque parvenue, quand Pavel m'en empêcha en me tirant hors de la portée de la bête

      - Arrête cela de suite, c'est dangereux !! me cria-t-il. Il faut lui laisser le temps de se calmer.


      - Se calmer, pourquoi ? Qu'as-tu fait ? D'où sort cette bête et où est Faustine ? hurlai-je paniquée.





-4-


Explications





                                                                                              30/12/2011

Sans même tenter de m'expliquer quoi que ce soit, Pavel m'emporta loin du garage, et me ramena dans le salon que nous avions quitté précipitamment, il y avait à peine une heure de cela.

      - Maintenant, tu vas te calmer et me dire, ainsi que tu voulais le faire tantôt, ce que tu sais ou crois savoir. Ensuite, je t'expliquerai ce qui est arrivé à ta copine, me dit-il en nous repositionnant sur les mêmes sièges qu'une heure plus tôt.

      - Bon, d'accord. Pour commencer , je te promets que tout ce qui se dira ici restera entre nous. Je suis une Wicca, ne l'oublies pas, et ce n'est pas quelque chose que l'on crie sur les toits, donc les secrets je connais. Maintenant, parlons de toi et commençons par ton physique, (puisqu’après tout il faut bien commencer par quelque chose) : tu es blanc, tu ressembles à un jeune premier, et tu es glacé. Quand tu m'as effleuré lors de notre première rencontre, j'ai eu l'impression d'avoir mes mains en contact avec de la glace. Lorsque nous nous sommes vus pour la première fois, j'ai été prise de malaises et je me suis évanouie, et je te jure que c'est la première fois que cela m'arrive ! C'est que je ne suis pas une petite nature, moi, Monsieur, dis-je dans l'espoir de détendre l’atmosphère qui menaçait de nous étouffer.
Une ombre de sourire apparut à nouveau sur le visage de Pavel. Encouragée , je poursuivis :

      - Donc, je me suis trouvée mal...Ensuite on s'est revu au cinéma, et tu m'as invité à boire un verre dans un café. Je ne sais pas si tu l'as remarqué mais toutes les personnes qui te croisent et à plus forte raison celles à qui tu t'adresses sont subjuguées, fascinées par ta présence et ta voix. Est-ce-que tu as seulement remarqué le comportement du personnel de l'hôpital, de la caissière, des serveuses....Non évidemment !! Je continue ?

Il hocha la tête en souriant et je repris :

      - Nous ne nous sommes vus à chaque fois qu'après la tombée de la nuit, et lorsque je t'ai invité dans la journée, tu as trouvé un prétexte pour refuser. Tu ne manges et ne bois rien quand je suis là. Tu es très rapide, tu as disparu après notre soirée cinéma en moins de temps qu'il n'en faut pour cligner des yeux, et pareil ce soir quand tu t'es levé. Et enfin cerise sur le gâteau : la photo de Faustine où on te voit, (car je suis persuadée que c'est bien toi), en 1941 aux côtés de sa grand-mère. Tout cela mit bout à bout donne ceci :
1/ tu vis la nuit.
2/ tu ne manges, ni ne bois rien ( tu n'as pas touché au repas de ce soir ni à ta boisson au café).
3/ tu as blafard, voire translucide à certains moments.
4/ tu es splendide, et ta voix est magique.
5/ justement, tu es magique, car lorsque je rencontre de la magie, les poils de ma nuque se redressent et cela m'est arrivé peu de temps avant que je ne m'évanouisse dans ton laboratoire.
6/ tu es très rapide.
7/ tu es glacé et c'est peu dire.
8/ tu ne vieillis pas.
9/ la première fois que nous nous sommes rencontrés, tu avais besoin de te nourrir, et lorsque tu m'as touché tu as aspiré mon Élan Vital, d'où mon malaise.
En conclusion : tu es UN VAMPIRE, déclarai-je en articulant bien les deux derniers mots. Je suis convaincue que ta réaction de tout à l'heure est due au fait que vous n'avez pas le droit de vous montrer à nous autres, pauvres humains. Mais si tu réfléchis un instant, tu n'es pour rien dans ma découverte. Tu n'as pas trahi les tiens, vu que tu ne m'as rien dit. Donc votre règle ne s'applique pas à nous.

Pendant tout le discours je m'étais rapprochée de Pavel, pour terminer à genoux devant lui. Pendant ce temps, il ne m'avait pas quitté des yeux, sourcillant ou grimaçant au fur et à mesure que mon énoncé se déroulait. Lorsque je terminai, je le regardai. Il était d'une gravité effrayante, même le sourire qui effleura ses lèvres était plus angoissant que rassurant. Il se leva du fauteuil dans lequel il s'était laissé choir au début de mon laïus,et nous fit changer de place. Agenouillé devant moi, il me prit les mains dans les siennes, me regarda au fond des yeux et dit :

      - Maïwen, tu as raison, dit-il prononçant mon prénom en entier pour la première fois. Maïwen, écoutes-moi… Je ne suis pas humain, je suis un vampire. Mon nom est Anastase Pavel Von Ranke. Depuis près de cent ans, je ne vieillis plus. Je n'ai plus les mêmes besoins que les mortels, ni leur constitution. D'après ce que je sais, il existe peu de vampires. L'immortalité est dure à supporter, surtout quand on est seul. Il faut trouver un compagnon qui accepte d'être transformé. Je ne suis pas vraiment différent des mortels, à part en ce qui concerne mon… régime alimentaire, et encore maintenant, je ne suis plus obligé de me nourrir à la source comme avant. Lorsque je suis en ville, je ne me nourris d’ailleurs que de sang prélevé sur des échantillons, que je conserve au frais dans des pochettes, sang que je récupère au laboratoire de l’hôpital pour enfants où je travaille de nuit, comme tu le sais. À la campagne je peux me nourrir d'animaux.. J'ai été transformé par un vieux romain du nom de Caïus. C'était un vieux vampire, qui pensait pouvoir partager l'éternité avec moi. Mais je ne l'aimais pas, et nous nous sommes séparés dans les premières années de ma vie de vampire.
      - Et en ce qui concerne l'ail, les croix, le soleil, c’est vrai cela aussi ?

Le faible sourire qui était apparu sur ses lèvres après mon petit discours, se transforma peu à peu jusqu'à devenir un véritable soleil qui illumina non seulement son visage mais aussi ses yeux.

      - Je ne suis pas allergique à l'ail, mais à l'argent, aux croix et à l'eau bénite (utilisées par des croyants), oui. Tout cela nous blesse, mais ne nous tue pas. Le soleil par contre, nous est fatal. Tous les jours au lever du soleil, je meurs et ne reviens à la vie que lorsqu'il se couche. De plus si j'y suis exposé, je brûle. C'est pour cette raison que les anciens dormaient das un cercueil, c'est un lieu hermétique à la moindre lumière. Pour ma part, je dors dans un bon lit, avec de bons draps, dans une chambre qui ne comporte d'autre ouverture que la porte,et qui de plus se trouve au bout d'un couloir.
      - Et tu n'as pas peur que quelqu'un vienne dans ton sommeil pour t'exposer à la lumière.
      - Non car comme je te l'ai dit l'autre fois, je connais un peu la Wicca et j'ai protégé la maison par un sort de répulsion. Et avant que tu ne me poses la question, tu ne l'as pas ressenti car tu m'accompagnais.
      - Ah oui, c'est vrai ! Cela me rappelle que tu avais promis de me raconter comment cela t'était arrivé...
      - Tu te rappelles que je t'ai parlé... 31/12/2011

      - Tu me le raconteras plus tard, dis moi plutôt ce qui est arrivé à Faustine. Où est-elle ? Pourquoi a-t-elle disparue ?

      - Tu veux bien te taire et me laisser parler !! soupira-t-il. C'est justement ce que j'allai te raconter.

Tu dois bien te douter, que si nous, les vampires, nous existons, il est fort possible que d'autres espèces ne soient pas que des légendes. Les fantômes, les fées, les métamorphes, pour n'en citer que quelques uns, eux aussi existent. Les métamorphes sont des individus qui se changent en animal. Il en existe deux sortes :les changelings, capables de se transformer en différents animaux, et les autres, les unimorphes qui ne peuvent se changer qu'en leur animal garou.                           04//01/2012

Avant que je te dise comment j'en suis venu à connaître la Wicca, il faut que je t'explique, comment fonctionne le monde des vampires.

Nous sommes organisés en un système très hiérarchisé constitué d'un « Patriarche » ou d'une « Matriarche » à la tête des différents États.

Chaque état est divisé en «Districts», gérés par des «Gouvernants». Chaque vampire vivant à un endroit donné est inféodé à un Gouvernant, puis, au dessus, à un Patriarche ou une Matriarche Tout vampire quittant un District pour un autre doit obligatoirement se présenter au Gouvernant du District qui l'accueille.

De plus, le vampire responsable de la transformation d'un humain , que l'on appelle le « Créateur », vit avec sa « Descendance ». Cette dernière peut le quitter avec son accord, mais elle ne peut pas faire autrement que de revenir si son créateur l'appelle.

Pour le représenter dans la journée, le Créateur, le Gouvernant ou le Patriarche, a un « Servant »t et/ou éventuellement, une « Pomme de Sang » à son service, qui éloigne les curieux et autres chasseurs de vampires, et s'occupe de tout ce que l'on ne peut faire la nuit.            05/01/2012

Après que Caius m'eut transformé, j'ai vécu pendant cinq ans auprès de lui. C'est le nombre d'années nécessaires pour passer du statut de jeune vampire à celui de vampire. Pendant ce temps là, tu apprends à contrôler ta soif de sang, tes pouvoirs, et les nombreuses règles qui régissent notre société ainsi que la votre.

Ors il se trouve qu'à cette époque là, (ce doit être toujours le cas, mais je ne saurais te le certifier, car cela fait bien cinquante ans que je ne l'ai plus vu ), Caïus donc, avait un servant qui se trouvait être sorcier Wicca. Ce dernier voyant que cela m'intéressait, avait commencé à m'apprendre la Wicca. Je me préparais à passer le 1er Grade quand il m'a fallu partir.


Comme tout à l'heure, il se leva à une vitesse qui me parut inconcevable pour se retrouver à nouveau devant la baie vitrée. Il me tournait une nouvelle fois le dos. Il avait l'air plus sombre que jamais en contemplant la forêt qui s'étalait devant ses yeux. Comme si cette vision pouvait lui apporter quelque réconfort, face aux souvenirs longtemps enfouis qu'il était en train de se remémorer.
Le silence envahit la pièce, uniquement troublé par le bruit de ma respiration. Tout à coup un hurlement retentit, le loup se rappelant ainsi à notre bon souvenir. Je frissonnai. Pavel quitta la contemplation de la forêt, se tourna vers moi et reprit :

      - Ce que je ne t'ai pas encore dit c'est que ce Servan qui s'appelait Temor, était aussi un Unimorphe : un loup-garou. Lors de ce que l'on pourrait appeler mon enfance, dit-il avec un faible sourire sur les lèvres, je l'ai vu appeler le loup d'un de ses amis. Les loups-garous ont besoin de l'aide d'un sorcier Wicca pour leur première métamorphose. Donc, ce que j'essaye de te faire comprendre c'est que Faustine n'a pas disparu, mais que le loup c'est elle.                                       06/01/2012
Les métamorphes sont dotés d’une force phénoménale, qui leur permet de se mesurer à nous. Ils se transforment à volonté et restent guidés par leur conscience humaine quand ils sont sous cette forme, quoiqu’ils puissent se transformer et perdre le contrôle d’eux-mêmes sous l’effet de la colère. Ils restent largement plus forts que des humains ordinaires quand ils ont leur forme humaine, et ont de nombreux attributs inédits (transmission de pensée, uniquement entre eux, vieillissement ralenti 10 ans = 1 an). Et ils se régénèrent vite.
Les balles en argent leurs sont fatales ainsi que le sang ou la morsure des vampires. Ils peuvent se reproduire entre eux,( à ce moment là seul le premier né est un métamorphe) ou avec des humains.
Ils sont organisés en « Clan » (ou« Meute » pour les loups), qui est dirigé par un « Chef de clan ».
Faustine va avoir besoin de toute la journée, pour récupérer de sa métamorphose, et elle récupérera mieux sous forme de Loup.
Donc, comme le jour va se lever et qu'on ne peut rien faire de plus, je vais me coucher. Demain, à mon réveil, je contacterai Caius, pour voir si Temor peut nous indiquer quelle meute doit rejoindre Faustine. Je te conseille donc de rentrer toi aussi te coucher, et de revenir demain dès le coucher du soleil.

Sur ces mots, il se leva, attrapa mon manteau, mon sac, et me poussa hors de la maison dont il referma la porte aussitôt.
Debout sur le perron, je regardai le Loup qu'il prétendait être Faustine. Il s'était roulé en boule et semblait dormir.
Les larmes me montèrent aux yeux. Je retins un sanglot, courus jusqu'à ma voiture et démarrai sans un regard derrière moi.
Ce fut un soleil gris de décembre qui m’accueillit à mon réveil le lendemain matin. Dès que j'ouvris les yeux, ce matin là, je m'assis en me demandant si j'avais rêvé ou si la soirée d'hier était bien réelle. Je secouai la tête dans l'espoir de me remettre les idées en place. Mais rien. Je me dirigeai donc d'un pas lourd vers la cuisine. Le répondeur, installé sur le bar clignotait : un message m'attendait. J'appuyai sur le bouton « lecture » :

      - Vous avez un nouveau message. Aujourd'hui à 5 h 32 : Maï, C'est Pavel . J'avais oublié de te demander d’apporter des habits de rechange pour Faustine, lorsque tu reviendras. Merci et à tout à l'heure. Bip . Fin du message.                                                            10/01/2012



Ainsi, je n'avais pas rêvé. Tout était vrai ! Les vampires, les loups-garous, la transformation, tout. Je me laissai tomber sur la première chaise à ma portée, et regardai la pendule, qui trônait au-dessus de mon canapé. Il était à peine 11 heures. Pour éviter de devenir folle à force de ruminer la soirée d'hier, je décidai de passer la journée comme convenu auprès de Nany à réviser.

Une demi-heure suffit pour que je me retrouve devant chez elle. En descendant de voiture, je regardai autour de moi, et je fus agréablement surprise de constater que malgré la folie qui s'était emparée de nous trois cette nuit, le reste du monde n'en avait pas été altéré. Qu'il était bon de noter que la terre avait continué à tourner. Les quelques heures que je passai auprès de Nany, me firent le plus grand bien. Elles me permirent de relativiser le déroulement des récents événements.



Dès que le soleil commença a disparaître à l'horizon, je quittai ma grand-mère, après lui avoir promis de revenir pour mes prochaines révisions.

Je filai chez Justine lui prendre des affaires de rechange, et partis d'une traite rejoindre Pavel chez lui. Je le trouvai pendu au téléphone, apparemment il était comme promis en grande conversation avec Temor. Je lui fis un signe de la main pour lui montrer que j'étais arrivée, bien que je fus persuadée qu'il m'avait entendu et peut-être même senti venir de loin. Je posais mes affaires et le sac pour Faustine dans l'entrée et ressortis pour me diriger vers le garage.

Lorsque je parvins devant ce dernier,je marquais un temps d’arrêt et me mis à observer le loup dont Pavel disait qu'il était mon amie.

C'était vraiment une splendide bête. Même roulée en boule, et en train de dormir,comme en ce moment, on pouvait deviner que c'était un magnifique loup blanc qui devait atteindre 1 m75 environ au garrot. Son pelage semblait si épais, si soyeux, que malgré moi, je m’avançais vers lui la main tendue avec pour seul désir, celui de le caresser et enfouir mon visage dans sa fourrure.

Je n'étais plus qu'à quelques pas, lorsque je me sentis tirée en arrière. Deux bras durs comme du bois et aussi inébranlables que de la pierre m'enserrent avec douceur. C'était Pavel. Il se pencha vers mon oreille et chuchota :



      - Ne t'approches pas d'elle, tant que nous ne sommes pas sur du degré d'humanité qu'elle conserve sous sa forme animale. Je viens d'avoir Temor au téléphone. Il sera là dans 2 heures, il amènera avec lui l'Alpha de la meute locale qui pourra aider ton amie à assumer sa condition. En attendant laissons la dormir. La première transformation est éprouvante et elle a besoin de beaucoup de sommeil pour récupérer. Viens attendre avec moi dans le salon, et je te raconterai la conversation que j'ai eu avec Temor.

Sur ces mots, son bras droit glissa sur mes épaules tandis que le gauche se faufilait sous mes genoux, et pour la deuxième fois en moins de 24 heures il m'emporta à l'intérieur, loin de mon amie.
Á nouveau, une fois assise, je pris de grandes inspirations pour me calmer. Une fois à peu près certaine de réussir à conserver mon sang froid, je levais mon regard vers lui et lui lançai d'une voix glaciale et monocorde :

      - Et bien vas-y, je t'écoute !!
      - Pour commencer je vais t'expliquer l'organisation sociale dans laquelle ils évoluent :
Tout d'abord, tu ne les entendras jamais parler d'eux en tant que loup-garou, mais de lycanthrope*. Ils sont organisés en «Clan» (ou «Meute» pour les loups), et dirigés par un «Alpha». Ce dernier ne sera remplacé qu’après sa mort, lors d' une élection de «Chef de Clan», cérémonie suivant un déroulement prévu à l’avance, et très réglementée.
Beaucoup sont médecins dans les hôpitaux, policier, ou travaillent dans l'armée, ce qui arrange leurs congénères qui ont peur que les humains découvrent leur secret.
La position dominante est un élément clé dans l'organisation sociale des loups. La meute est structurée en une hiérarchie claire, et les membres de la meute gagne leur place souvent dans une succession de défis et de combats qui se terminaient par une mise à mort du perdant. De nos jours, le perdant est seulement banni de la meute, pour la lutte de Chef, où rétrogradé à un rang inférieur.
La meute est essentiellement constituée de Dominants et de Soumis. Il est improbable dans une meute qu'un dominant use de son statut pour humilier ou maltraiter un soumis, au contraire, il lui assurera aide et protection.
Comme chez les loups, le rapport de dominance reste très fort, et chacun sait comment se comporter face à un membre mieux placé dans la hiérarchie. Dominant ou soumis, chacun son importance. Maintenant voici la liste des membres composants une Meute :
  • L’Alpha* : Á l'origine on le surnommait "Le roi Loup". Il est le chef de la meute, celui dont les ordres ne sont que très rarement discutés. Considéré comme le référent de la meute, c'est à lui qu'incombe toutes les décisions la concernant. Il a également un rôle de patriarche et reste responsable de ses loups.
  • La Lupa*: C'est la femelle officielle de l'Alpha et la femelle généralement la plus dominante de la meute. On lui doit respect et obéissance. Elle a le deuxième rang de la hiérarchie.
  • L’Omega* : Femelle ou mâle. Ce loup un peu particulier, n'est pas un élément propre de la hiérarchie de la meute. Il n'est soumis à aucun loup, même pas à l’Alpha. Son aura particulière, apaise les tensions au sein de la meute, ou les loups trop violents.
  • Les Deltas* : Au nombre de 2 , d'une loyauté à toute épreuve ce sont les seconds de l'Alpha.
  • Le Stigma* : L’exécuteur de la meute chargé de punir ceux qui enfreignent les lois dictées par l’Alpha.
  • Le Tuteur* : C'est la personne chargée au sein du Clan, d'apprendre aux nouveaux à contrôler leur force et leur transformation .
  • Le Kéréa* : Sage de la meute, C'est un sorcier Wicca. C'est lui qui intervient pour leur permettre de réaliser leur première métamorphose
  • Les Bétas* :Les membres de la meute n'ayant pas de statuts spécifiques.
Chaque meute a ses codes et sa façon de communiquer, il suffit souvent d'un regard ou d'un geste pour que chacun sache ce qu'il a à faire.
En ce qui concerne ton amie, un autre problème se pose. Mais avant cela réponds à cette question, Quelle age a-t-elle ?
      - Elle est née le 21 décembre 1995 et aura donc 20 ans à la fin du mois, pourquoi ?
     - Parce qu'elle aurait du faire sa première transformation durant sa puberté et non maintenant. De plus, elle aurait du être au courant ce qui apparemment n'était pas le cas, car sinon elle n'aurait pas paniqué comme elle l'a fait en t'appelant à l'aide. Elle a eu de la chance que j'ai été présent lors de son appel. Mais nous en serons plus à son réveil.

Je me sentis très lasse tout d'un coup. Les derniers événements semblaient avoir vaincu ma résistance tant physique que nerveuse Et ces propos insensés… Comment croire mon interlocuteur ? Pavel... Ce prénom résonna doucement dans mes pensées. Le vampire me fixa comme s'il pouvait ressentir ma peur refluer tout à coup. Il devait parfaitement entendre les battements précipités de mon cœur. Il tenta de me prendre dans ses bras, mais, intimidée je ne pus résister à un brusque mouvement de recul.

      - Oh, je vois, tu as désormais peur de moi...

Je ne m'étais pas rendue compte de mon geste involontaire de recul. C'est sans aucun doute toute cette violence qui me rebute. Je me considère depuis toujours comme quelqu'un de non violent, et mes études de Wicca, n'ont fait qu'accentuer ce trait de caractère au fil du temps. Perdue dans mes pensées, j'avais lâché pendant un court instant prise avec la réalité. Tout en reprenant mes esprits, je regardais Pavel, bien consciente de l'avoir blessé de par mon attitude. Son visage s'était fermé.
Je revis défiler dans ma tête l'image que je me faisait des vampires, et des loups-garous. Ne sont-ils pas des monstres bestiaux, avides de sang frais ? L'homme qui me faisait face n'avait rien de ce stéréotype. Parcourant des yeux son visage et son corps, je sentis mes joues s'empourprer… ll me venait des pensées interdites, bien trop intimes. Je me sentais en sécurité en présence de Pavel.
      - Pavel pardonne-moi, mais tous ces événements m'ont mise à mal. Je ne te remercierai jamais assez d'avoir secouru Faustine. Laisses-moi le temps d'accepter toutes ces révélations, dis-je en lui prenant à nouveau les mains et en les pressant doucement entre les miennes.
J'éprouvais un peu de gène en prononçant ces paroles. Le vampire venait de retirer son blouson . J'avais désormais tout le loisir de contempler son corps : il était à couper le souffle. Sans être musclé à outrance, une force phénoménale semblait se dégager de ses muscles fins. Mon regard se posa sur son ventre où des abdominaux parfaitement dessinés ressortaient derrière son tee-shirt. Ce n'était plus l'affolement, mais une toute autre raison qui animait les battements de mon cœur. J'étais troublée, émue, et même excitée.

      - Maïwen... Maï… tu me rends fou…Que vais-je faire de toi ?

Il s'était exprimé dans un souffle. Il me prit la main et la guida vers l'emplacement de son cœur.

      - Si mon cœur battait encore, tu pourrais le sentir battre et ressentir ainsi l'immense joie que j'éprouve..dit il les yeux fermés,et il toucha de ses lèvres ma chevelure.
Après une longue inspiration il reprit :
      - Ton parfum m'envoûte. Ta main qui hésite sur mon corps, me fait perdre la tête. J'ai une soudaine envie de te prendre dans mes bras, de goûter à ta bouche, de la faire mienne.
Je n'avais plus envie de retirer ma main. je posais l'autre sur le torse de Pavel. Sa peau fraîche était une invitation aux caresses. Je le sentais vibrer sous mes paumes. Hélas, soudain Pavel se figea coupant court à notre étreinte, et annonça d'une voie calme et déterminée :

      - Prépare toi, les invités arrivent et il y en a un d'imprévu. C'est mon créateur, je le sens, il sera bientôt là.
      - Comment cela tu le sens ? Expliques toi ?
    - Bon d'accord mais ensuite je veux que tu me promettes de rester tranquille et de ne pas intervenir. Même si tu es choquée. Je t'expliquerai ensuite lorsque nous nous retrouverons seuls à nouveau. Vite ta promesse....
      - Je te le promets lui répondis-je d'un ton ferme.
Il tenta donc de m'expliquer ce qu'il venait de ressentir. Il avait détecté le premier remous d'énergie, faible au départ, mais de plus en plus précis alors que le pouvoir de Claudius s'étendait, le cherchait et le trouvait. Alors quelque chose se mit en place dans son esprit, une forme de connexion qu'il aurait reconnue entre mille. Elle enflait à mesure qu'il approchait, et Pavel put bientôt sentir les émotions du nouveau venu ainsi que l'aura bouillonnante et électrique qui distinguait ce vampire comme l'un des vampires les plus puissants au monde.. Tel était le lien qui unissait Pavel et Caïus, le vampire qui l'avait créé. Il se raidit encore plus si possible et me dis d'une voix atone :
      - Tiens toi prête, ils sont au bout du chemin, ils arrivent.

-5-

La meute du Bois des Gardiens

09/02/2012
Une grosse berline noire apparût soudain devant nos yeux. Le loup réveillé par le bruit du moteur, se redressa sur ses pattes et grogna dans sa direction en tirant sur sa chaîne. Je fermai les yeux en priant pour que le métal résiste et ne cède pas. Pavel fit un pas en avant et se retrouva ainsi entre les visiteurs et moi. Le moteur s’arrêta, et trois hommes en descendirent.


Enfin, je veux dire deux garous et un vampire en sortirent, et une vague énorme de pouvoir, les précéda, se répandit  et vint nous frôler Pavel et moi. C‘était comme une brise fraîche, mais rien ne bougeait. Ce n’était pas quelque chose de physique mais de mystique, de magique. Les cheveux de ma nuque, et tous les poils de mon corps se hérissèrent devant tant de magie et de puissance.  Pavel lui, se contenta de se raidir plus encore si possible, et de respirer de grandes bouffées d’air, comme s’il pouvait ainsi absorber le pouvoir et le faire sien. L’intensité de ce dernier diminua alors pour devenir ce petit picotement que je ressens lorsque je suis en contact avec des personnes non-humaines.

Un petit homme, trapu, aux cheveux blancs et courts en sortit le premier.  Il était suivi par un géant aux yeux bleus, d’environ 1 m 95 et 100 kg, et d’un autre homme au teint basané, et au crane rasé. Les deux premiers portaient  un costume anthracite sur une chemise blanche qui semblait être taillé sur mesure. Le dernier homme lui, était habillé plus simplement d’un jean gris, d’un tee-shirt blanc et d’un blouson en cuir noir, et se tenait quelques pas derrière eux. Le  petit homme, aux cheveux blancs et courts se détacha du groupe et s'avança vers Pavel les poignets tendus en avant.

- Salutations à toi, Pavel, enfant de ma lignée, cela faisait longtemps...

Pavel se rapprocha de lui et lui attrapant les avant bras lui répondit tout aussi formel que celui que je supposai être Caïus :

- Salutations à toi, Caïus, père de ma lignée,  cela fait longtemps en effet. La dernière fois que nous nous sommes vus c’était le 9 novembre 1965, me semble-t-il, à New-York, pendant la coupure d’électricité qui a paralysé la ville pendant 14 heures.
11/02/2012
Il tourna son regard vers moi, et dit :

- Pavel, qu’as-tu fait ? Pourquoi  cette humaine est ici, tu connais les règles pourtant ? Maintenant, il va falloir faire le nécessaire.



- Ne soit pas inquiet, Caïus. C’est ma Servante, et la métamorphe pour laquelle j’ai appelé Temor, est sa meilleure amie.15/02/2012 D’ailleurs, elle est attachée dans le garage : allons la voir, puisque après tout c’est pour elle que vous êtes ici.



A ces mots, les deux hommes se tournèrent vers Faustine et se rapprochèrent de son lieu d’emprisonnement.  Le géant aux yeux bleus, Temor se rapprocha le plus possible tout en restant hors de portée de ses griffes et de ses crocs.



- C’est un bel animal, tu as bien œuvré, Pavel, je te félicite... pour une première métamorphose, elle n’a pas l’air trop perturbée.07/03/2012 Mais peux-tu me dire depuis quand elle est comme cela et pourquoi tu l’as transformée.

- Elle est ainsi depuis le milieu de la nuit. Nous l’avons découverte chez elle en pleine crise. J’ai reconnu les signes d’un Premier Changement hors contrôle. J’ai donc pris sur moi de la ramener à la maison. Une fois arrivé, j’ai consulté mon Livre des Ombres, et je me suis lancé dans son Changement.  Celui-ci terminé, je t’ai appelé pour voir si tu connaissais une meute qui pourrait l’aider à s’assumer et à lui apprendre le B.A.- BA de la lycanthropie.

- D’accord, mais avant toute chose j’ai besoin de plus de renseignements à son sujet. Il n’est pas coutumier, en effet que l’Alpha de la meute du coin ne l’ai pas sentie et de plus, en temps normal , le Premier Changement se fait le jour de la Pleine Lune hors nous sommes encore à 10 jours de l’événement et elle n’aurait donc pas du changer.



Il se tourna vers moi, et, en plongeant son regard bleu  dans le mien :



- Je crois que c’est ta meilleure amie, tu la connais depuis longtemps? dis moi TOUT ce que tu sais sur elle, dit-il en insistant sur le mot “tout”. Et surtout n’oublies rien, le moindre détail, même s’il te semble insignifiant, peut avoir son importance.

- Cela risque d’être long, car je la connais depuis toujours.

- Dans ce cas, intervint Pavel, allons dans le salon, nous y serons plus à l’aise pour discuter.
- Nous te suivons, Pavel. Joseph, dit-il en se tournant vers le dernier homme qui était resté muet et en retrait jusque là, tu restes là pour garder un oeil sur notre ami poilue. Au moindre problème, tu viens nous chercher.

À peine eut-il prononcé ces mots qu’il tourna les talons et s’engagea à la suite de Pavel, suivi de près par Temor. Quand à moi, après un dernier regard vers mon amie, je filai vers le salon où m’attendaient deux vampires et un métamorphe pour me faire subir un interrogatoire très pointu.

Lorsque je pénétrai dans le salon, je découvris des changements. Pavel et Caïus s’étaient installés chacun à un bout du canapé. Temor, lui avait rapproché un fauteuil . Caïus se retrouvait donc ainsi entouré de Pavel et de Temor. Je pris donc place dans le fauteuil restant, et eus la désagréable impression de me retrouver face à un jury
13/03/2012
- Prends ce siège, et assieds-toi, Servante de mon enfant, me dit alors Caïus.

Je pris place en face d’eux et me mis à les fixer sans mot dire, le dos raide. Les cheveux de ma nuque et les poils de tout mon corps se hérissèrent  comme s’ils  voulaient s’échapper de mon corps, et une vague de magie envahit le salon. Je sentis alors mes jambes devenir du chewing-gum--, la tête me tourna. J’eus à peine le temps de voir du coin de l'œil Pavel se précipiter vers moi et de percevoir un hurlement, avant qu’un voile noir ne s’empare de moi et que je m’évanouisse.

Lorsque j’ouvris à nouveau les yeux, j’étais allongée sur le sol, la tête sur les genoux de Pavel. Il me passait sa main dans les cheveux en murmurant :

- Maï, reviens !! Maï, reviens !! telle une litanie.

Il me semblait toujours entendre des hurlements, mais ils devenaient de plus en plus ténus et finirent par cesser au bout de quelques secondes.

- Tu sais qu’avant de te rencontrer, je ne m’évanouissais jamais. Que s’est-il passé cette fois? Il me semble pourtant que Caïus et toi vous êtes nourris, non ? Alors si ce n’est pas l’Élan-Vital, c’est quoi cette fois-ci et pourquoi quelqu'un hurlait-il ? demandais-je d’une voix ténue.

Après m’avoir aidé à me relever et à retrouver ma place sur le fauteuil, il s’agenouilla à mes pieds, me prit les mains et me dit :
19/03/2012
- On ne doit jamais, au grand jamais regarder un vampire droit dans les yeux sous peine d’être hypnotisé. Aussi lorsque tu as regardé Caïus sans frémir, comme il est très ancien, son pouvoir a essayé de te capturer. Vos deux magies se sont affrontées, et la tienne a fini par céder en te faisant perdre connaissance. Quant aux hurlements que tu as entendus, c’était Faustine. Elle a commencé à hurler deux secondes avant ton évanouissement et ne s’est arrêtée que quand tu as à nouveau ouvert les yeux.

Il avait à peine prononcé ces mots, que je me retrouvais à regarder partout sauf sur l’Ancien, sans plus oser l’affronter du regard.

- Il est plus que jamais important que tu nous racontes tout ce que tu sais. Il me paraît  évident que cela ne sera pas aisé pour toi de te concentrer sur l’histoire si tu dois sans cesse penser à ne pas me regarder. Je te donne donc  ma parole de ne pas essayer de te posséder par le regard, me dis Caïus d’une voix ferme. Commençons... Peux-tu me dire son nom complet...
- Faustine Leu.
- Intéressant, quand on sait que “leu” veut dire “loup” en vieux français.  Sa date de naissance ?
- Elle est née le 21 décembre 1995.

À ces mots, il se passa  quelque chose d’étonnant :  Temor écarquilla les yeux, Caïus se figea et devint aussi immobile qu’une statue. Et quand je dis immobile, c’est immobile. Contrairement aux humains les vampires n’éprouvent pas le besoin de faire le moindre mouvement. S’ils en font certains, comme respirer, cligner des yeux, c’est uniquement dans le but de s’intégrer parmi nous, de se fondre dans la masse. 02//04/2012 Pavel lui, se crispa et me serra les mains tellement fort, que je ne pus retenir un petit cri. Ses doigts desserrèrent  doucement leur prise, mais ne quittèrent pas les miens. Après ce moment de silence pesant, Caïus reprit d’une voix forte :

- Continues, donc elle est née...
- Que se passe-t-il, pourquoi  vous êtes vous tous pétrifiés? Dis-moi, Pavel... exigeai-je en me tournant vers ce dernier.
- Si tu veux des réponses tu dois d’abord répondre à mes questions, intervient le créateur de Pavel. Si je n’ai pas tous les renseignements nécessaires, je ne saurais pas de quoi il s’agit et je ne pourrais pas vous aider ton amie et toi.
- Elle est donc née le 21 décembre 1995, ici à Josselin. Sa mère aussi est née ici, son père lui a des origines allemandes. Sa grand-mère maternelle est décédée, il y a bientôt un an. Dans le grenier, elle a trouvé dans un carton les journaux intimes que celle-ci écrivait. Elle les a gardé et a commencé à les lire. Elle a  fait trois découvertes: la première, c'est que  sa grand -mère  faisait partie des passeurs qui aidaient les persécutés à passer en France. La deuxième, c'est qu'une des personnes qu'elle a aidée s'appelait  A. Von Ranke. Enfin, la dernière et non la moindre,c’est qu’elle a trouvé une  photographie datant de cette époque avec écrit derrière: A et moi – vendanges 41  et sur laquelle on reconnaît Pavel. 05/04/2012
- En ce qui concerne Pavel, justement, elle est au courant  de tes découvertes...
. Non, elle sait juste que c’est quelqu’un que j’ai rencontré à l’hôpital, qu”il me plaît et que nous avons passé une soirée ensemble au cinéma.
- Bon, venons en à toi maintenant.
- Je suis née le 21 juin 1995, jour du solstice d'été. Du fait du jour de ma naissance je suis une Wicca car, comme vous devez le savoir, je suis née à la  période où les voiles entre les mondes sont très minces. J’étudie pour passer la Nomination et ainsi devenir Sorcière Confirmée Wicca 1er Grade.
Ma famille est originaire de Libušing en République Tchèque. Le nom de Venceslas se transmet de mère en fille car depuis le début, seule des filles sont nées les jours de Wicca  et ce depuis  au moins la fin du XVIIème siècle.
Je suis issue d'une longue lignée de puissantes sorcières. La toute première sorcière de la lignée, est morte sur le bûcher pendant les procès des sorcières de Salem où elle s'était réfugiée fuyant la persécution de son pays d'origine La Bohème. Cependant, avant de mourir, elle a souhaité que toutes les générations de sorcières qui lui succéderaient continuent à défendre le Bien et la Vérité. Après la mort de La première, le reste de la famille est retournée en Bohème. Mes grands-parents paternels, eux, sont venus en France  en 1938 pour fuir le Nazisme.

Morgana Elerinna Venceslas , ma grand- mère est une «Rom», et elle est née le 1er  mai  1945 le jour de la fête annuelle de Beltane à Brun en Moravie (République Tchèque), dans un camp de réfugiés. Ses parents ont passé 2 ans dans un camp de la mort allemand. Son père est mort 2 mois avant sa naissance, sa mère deux jours après...C’est une famille de Roms du camp de réfugiés qui l’a élevée : Les Pavlenco. C'est la mère de sa mère adoptive qui a  perpétué la tradition familiale et l'a initié à la Wicca. Elle est arrivée en France en 1948 à l’âge de 3 ans. Elle m’enseigne la magie Wicca car c'est la mère de ma mère. Voilà, je pense que je vous ai tout dit.

07/04//2012

             -Tout à l’heure, tu nous a dit que c’était la seconde fois que tu t’évanouissais. Peux tu nous raconter la 1ère fois, ensuite réfléchis bien, et dis nous s’il ne t’est rien arrivée d’autre.




Il n’avait pas plutôt prononcé ces mots que me mis à penser à mon 
rêve. Mais je me retrouvai devant un gros dilemme, vu que j’avais promis à ma grand-mère de n’en parler à quiconque. Mais si on réfléchit bien, les vampires sont morts, donc par définition, ils n’existent plus et sont donc personne, et donc je ne trahissait pas Nany en leur en parlant. Je sais, c’est un peu - bon d’accord, beaucoup- tiré par les cheveux mais ainsi j’étais en règle avec ma conscience.



- Lorsqu'il s'est approché de moi, je me suis aperçu que sa peau était d'un blanc laiteux et que d'énormes cernes mauves lui mangeaient le visage,. Ses doigts effleurèrent ma main et je fus prise d'un vertige. La terre trembla, je sentis les poils se dresser sur ma nuque, mes jambes cédèrent sous moi et un voile noir m'emporta. Une semaine et demi plus tard, en fait la nuit de notre sortie au cinéma, j’ai fait le rêve que voici :

Je me promenai avec Faustine dans les bois entourant la ville. Nous marchions sur le sentier en discutant de tout et de rien....

- Tu veux bien abréger...me coupa Caïus


- Je croyais que je devais Tout vous dire, que le moindre détail  avait son importance, dis je d’un ton ironique.
- D’accord, continue.
- je disais donc... Le soleil de décembre dardait ses rayons lumineux au travers des branches, et le doux murmure d'un ruisseau  nous accompagnait. Tout était paisible, calme, serein.
Soudain, je sentis  les poils se dresser sur ma nuque, le froid m'envahir et nous aperçûmes une nappe de brouillard au bout du chemin. Cette brume se mit à progresser vers nous et finit par nous cerner totalement. Je ne distinguai même plus Faustine qui, pourtant se trouvait  juste à coté de moi.
Tout à coup, un hurlement retentit et un magnifique loup blanc apparût en lieu et place de mon amie. Je reculai effrayée, me pris les pieds dans des racines, et me retrouvai par terre. Je continuai de m'éloigner ainsi, pédalant le plus vite possible. Je ne m’arrêtai que lorsque l’énorme bête se mit à gémir et à se coucher en me jetant un regard triste et implorant.



C'était un animal splendide qui devait faire un mètre soixante-quinze au garrot au bas mot, avec de superbes yeux turquoise. Son pelage semblait si soyeux, que l'on avait envie de le caresser. J'y étais presque parvenue, lorsque à nouveau les poils de ma nuque se hérissèrent, le froid me pénétra. Le loup et la brume disparurent pour laisser place à un noir d'encre. Dans un rayon de lune, je vis soudain une pâle silhouette, flottant au-dessus du sentier ...Un cri retentit ... et je me suis réveillée en sursaut.


14/04/12

Les trois hommes me regardèrent avec des yeux ronds comme des soucoupes. Après un autre long silence pesant, Caïus se décida à  me demander :



- Ton rêve, tu en as parlé à quelqu’un ?


- Juste à ma grand-mère, qui m’a dit que c’était un rêve de Vision et que c’était exceptionnel d’en avoir un sans être un Initié, pourquoi ?


- Mais est-ce qu’elle t’a expliqué sa signification ?


- Non, pourquoi il veut dire quelque chose ?
- Tous les rêves ont une signification, certains sont plus difficiles que d’autres à déchiffrer. Le tien est assez simple à comprendre. Mais nous verrons cela plus tard. Pour l’instant il nous faut nous occuper de ton amie.
Sur ce, il se leva et d’un pas martial, se dirigea vers la sortie.  
16/04/2012
- Alors, Joseph, qu’en penses-tu ?
- Je pense qu’elle fera un Loup très acceptable. Elle n’a pas eu peur lorsque je me suis Changé et son Loup a tout de suite reconnu le mien. J’ai aussi commencé à lui expliquer ce qui allait se passer et je crois qu’elle a compris et commence à l’accepter. On peut donc je pense, l’aider à revenir parmi nous.

A ces mots, Joseph, tourna son regard vers Temor. Ce dernier se rapprocha de lui, et les deux métamorphes se tournèrent d’un bel ensemble vers le Loup qu’était encore mon amie. Alors que je me rapprochai moi aussi, Pavel me saisit le bras et  me retint :


- Laisse les donc faire, et viens avec moi à l’intérieur.

09/05/2012


Je me dégageai brusquement en lui jetant un regard noir et retournai me poster en bordure du cercle  que formaient les 2 métamorphes entourant mon amie. Ils se tenaient par les mains, se faisant face avec le Loup au milieu d’eux. Ils se mirent à tourner tout autour de l’animal en psalmodiant dans un bel ensemble:


 
- Reviens! Reviens.....

Le pouvoir qu'ils invoquaient, pulsa sur ma peau et vibra le long de mes os, telle une note si basse et si profonde qu'elle en devenait douloureuse. Un picotement parcouru alors ma peau et m’hérissa les poils tandis que son énergie de métamorphe commençait à suinter hors d’elle. Un long soupir s’échappa de son museau pointu et il frissonna. Sa fourrure reflua telle une marée qui se retire. Ses membres se tendirent. Je regardai sa forme humaine  émerger de la bête,  nue et pâle. Au bout d’un interminable quart d’heure, un corps humain nu, féminin,  couché en chien de fusils, apparu en lieu et place du Loup.


J’attrapai le sac de sport contenant les affaires de rechange que j’avais été chercher chez elle et m’approchai de l’attroupement .


Le temps que je m’approche d’elle, quelqu’un lui avait recouvert le corps d’une couverture. Je m’accroupi à sa tête et lui remis en place ses cheveux humides de transpiration en lui souriant. Je tournai la tête vers Pavel :



- Si tu me dis où se trouve la salle de bain, j’irai lui en faire couler un et tu pourras me l’amener car elle n’a pas l’air d'être assez solide pour marcher et si j’ai bien compris ce que tu m’as dit, elle va encore avoir  besoin de repos. Et me tournant vers Faustine j’ajoutai  avec un sourire: Ne crains rien, tu es entouré d’amis.


- Je sais, lâcha-t-elle dans un souffle et en fermant les yeux de fatigue


- C’est la deuxième porte, à ta gauche après la salle à manger, dit-il en se baissant vers Faustine

Au moment où il allait la prendre dans ces bras, elle s’agita repoussant la couverture, et essaya de se lever.

-Non,  pas vous, pas vous, psalmodiait-elle.


Joseph s’approcha, s’interposa entre elle et le vampire, et mettant sa main devant le visage de mon amie dit, tout en lui caressant les cheveux :


- Chut, calme toi, sens mon odeur, reconnaît la... Et se tournant vers Pavel, il ajouta : Ne le prenez pas mal, Pavel, mais pour le moment il vaut mieux qu’elle n’ait  de contact qu’avec ceux de son espèce.
26/05/2012
Sur ces mots, il se pencha, pris Faustine dans ses bras et me suivit dans la maison. Il la déposa sur le sol de la salle de bain peu de temps après que j’eus ouvert l’eau dans la baignoire .



- Une dernière chose, dit-il  sur le seuil de la porte. Les loups -garous ont une température corporelle supérieure aux humains se situant aux alentours de 38°5C, donc il faudrait mieux pour ton amie, que l’eau du bain ne soit pas inférieure pour éviter quelle ne se refroidisse et ne soit malade, voire ne meure si sa température baisse trop et que nous ne pouvons pas la réchauffer.


Et sur ces paroles encourageantes, il tourna les talons et nous laissa seules . Dans un silence pesant, le bain se remplit et j’arrêtai l’eau. Je débarrassai Faustine des couvertures, et après lui avoir passé un bras sous les épaules, l’aidais, à entrer dans l’eau. D'un seul mouvement, elle se laissa engloutir par le liquide. Au bout de 30 secondes, elle émergea, les yeux clos, un léger sourire sur les lèvres et poussa un soupir d’aise. Je m’assis à coté de son bain, par terre, souriante moi aussi.

- Alors, comment te sens tu ?

- Ça va, me répondit-elle d’une voix ténue. Ça va, reprit-elle d’un ton plus ferme. C’est quand même un drôle de truc qui nous arrive, dit elle en chuchotant.


-Tu te sens comment sinon ?

- Bien, c’est comme si deux âmes,deux entités différentes occupaient le même corps. D’après ce que j’ai compris, Joseph et sa meute, vont m’aider à apprivoiser et maîtriser ma Louve; et à découvrir ce que je suis comme garou exactement, puisque apparemment je ne correspond à. aucun schéma habituel.
-Dès que j’irai mieux, j’irai poser quelques questions à certaines personnes de ma famille, et voir si je peux comprendre ce qui m’arrive. Je ne vais pas laisser de quasi inconnus  déterrer des cadavres malodorants à ma place!
01/06/2012

Une fois ces mots prononcés, elle ferma les yeux et se laissa glisser à nouveau dans l’eau. Apparemment, elle ne désirai plus que nous discutions. Je me détournai et lui dit que je serai dans le salon  et que, si elle avait besoin de moi , elle n’avait qu’à m’appeler, et sortit en refermant la porte derrière moi.


Un brouhaha de voix masculines me parvenait depuis le salon, mais il cessa aussitôt qu’ils s’aperçurent de ma présence dans le couloir. J’avais oublié que les vampires et les loups-garous avaient une ouïe hors du commun : ils avaient du entendre toute la conversation
.05/06/2012

- Alors, messieurs, on peut savoir de quoi vous discutiez ? Parce que je ne sais pas pourquoi, mais j’ai  comme l’impression que cela me concerne...


Trois têtes masculines se tournèrent  vers moi dans un ensemble parfait. Trois visages impassibles aux yeux innocents, me regardèrent sans ciller, sans frémir.


J’avais compris, j’étais de trop, ma présence indisposait ces messieurs qui ne pouvaient reprendre leur conciliabule, aussi, légèrement vexée d’être tenue à l’écart :


- Bon si c’est comme cela, moi je rentre chez moi. Si vous avez quelques chose à me dire, vous connaissez le chemin, dis-je en me tournant vers Pavel.
21/06/2012
Sur ce, je récupérai mon sac, mes clefs, me précipitai vers  ma voiture, et indifférente aux personnes que je laissai derrière moi, je démarrai en trombe afin de laisser garous,vampires et autres créatures de la nuit le plus loin possible de moi .


– 6 –
Compromis




12/08/2012
Fidèle à ma parole, je passai le reste du mois de décembre, dans une routine de travail, et révisions intensives. Malgré tout l’absence de Pavel, mais surtout celle de Faustine me pesaient. J’arrivais à comprendre le silence du vampire, mais celui de Faustine était très douloureux. D'aussi loin que je me rappelle, le plus longtemps que nous étions restées sans nous voir ou nous téléphoner n'excédait pas 12 heures, trois jours s’étaient écoulés sans que j’ai la moindre nouvelle.
je veux bien admettre que se découvrir tout à coup Loup-garou, ne soit pas évident à gérer, et à intégrer, mais il me semble que justement dans ce genre de cas une oreille amie et attentive, doit être le genre de choses que l’on recherche. 14/08/2012
Après une semaine, sans aucune nouvelle de sa part, rongée par l’inquiétude, j’avais perdu le sommeil et 3 kilos, et Nany, ne cessait de me jeter des regards anxieux lors de nos séances de révision.

- Tout va bien, Maï ? me demanda-t-elle finalement un soir, alors que je grimpai dans ma voiture pour rentrer chez moi.
- Oui, ne t’inquiète pas... C’est juste un peu de fatigue... j’ai besoin de vacances, c’est tout !!

Pendant le temps que dura le trajet de retour, je décidai d’appeler Faustine, elle me manquait trop ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! A peine arrivée, je jetai mon sac dans le salon, attrapai le téléphone et composai le numéro de mon amie, mais je tombai sur son répondeur.

          - Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur de Faustine, je ne suis pas là pour le moment, mais laissez-moi vos coordonnées et je vous rappellerai. Maï, si c’est toi, tout va bien, laisse-moi juste un peu de temps et je te recontacterai.
20/08/2012
J’en eu les jambes coupées et me jetai sur la première chaise que je trouvai. J’étais estomaquée autant que soulagée. Elle avait pensé à moi, et malgré le fait qu’elle ne se sente pas encore capable de discussions de vive voix, elle avait trouvé le moyen de me rassurer. Je sentis un sourire s’épanouir sur mon visage et  un poids énorme disparaître de ma poitrine.
Pavel quand à lui, était toujours aux abonnés absents, malgré les nombreux messages que je laissais sur son répondeur. 19/01/2013
Mais, je n’avais pas le temps de m'appesantir plus avant sur le problème de Faustine et de Pavel, je devais en effet partir pour passer mon Initiation et devenir ainsi  Sorcière Wicca 1er Grade, avant de filer au travail.
Finalement, tout le stress et l’angoisse au sujet de mon Initiation, s’étaient avérés inutiles, j’avais réussi les épreuves haut la main, à la grande joie de la Grande Prêtresse de notre Coven* et de ma grand-mère.

C’est donc la tête haute, que je pris le chemin du travail, pas fâchée d’en avoir fini avec les révisions et de pouvoir souffler un peu. Bien que si ma vie continuait comme cela, je ne soufflerai  pas de si tôt.
J’avais à peine mis un pied dans l’hôpital, que les petits cheveux de ma nuque se redressèrent, signe qu’un être particulier était parmi nous.  Mais où ? Il me restait à découvrir qui il était, et ce qui l’avait amené à être hospitalisé dans notre  service.

Pendant la relève, les collègues parlèrent d’un cas qui retint toute mon attention : il s’agissait de Martial Dumas, un adolescent  SDF  de 17 ans qui souffrait d’une très forte hyperthermie que l’on ne parvenait pas à faire chuter,  et qui le faisait se tordre de douleur dans son lit. Les symptômes  me paraissaient ressembler à ce que j’avais pu observer une semaine plus tôt chez Faustine. 28/01//2013

Dans le courant de la nuit, la fièvre n'ayant toujours pas baissée, l'infirmière fit une prise de sang et me demanda d'aller au labo et de ne revenir qu'avec les résultats. Ainsi, après une semaine entière sans nouvelles de Pavel, j'allai  me retrouver à son contact, et qui plus est sur son terrain à lui : son laboratoire.
L'ascenseur n'était pas encore arrivé,  que je ressentais déjà sur mon corps les effets de sa présence : cheveux  de ma nuque qui se hérissent, vertiges, sueurs, jambes flageolantes... Tant et si bien,  que lorsque les portes s'ouvrirent, je criai son nom en sentant une nouvelle fois mes jambes se dérober et un voile noir m'envahir.
En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire,  je me retrouvai assise par terre, la main de Pavel maintenant  ma tête sur mes genoux. Dans le brouillard, qui m'enveloppait et qui commençait à se dissiper me parvint sa voix  ferme et autoritaire qui disait :

      - Respire, Maïwen, respire....
      - Tout va bien,  ne t'inquiètes pas. Cela a quasiment disparu...03/02/2013 Au fait, tu as fais réparer ton téléphone, parce que je t’ai laissé je ne sais combien de messages, et je n’ai pas eu de réponses...je ne pus m’empêcher de lui demander sur un ton ironique.

Un sourire narquois sur les lèvres, Pavel me regarda et dit:

 -A part de t’évanouir, dans mes bras... Que viens-tu faire dans mon antre ?

A ces mots, je rougis et sortis de ma poche, les tubes de la prise de la prise de sang du gamin et lui racontais toute l’histoire. Je terminais en  lui précisant que dès que j’avais mis les pieds dans le service, j’avais eu les poils de la nuque qui s’étaient hérissés. 21/12/2013

- En fait, normalement, je n’aurai pas du m’évanouir, sauf bien sûr si tu ne t’es pas nourri ce soir...

Pavel devint encore plus pâle que ce qu’il n’était déjà, ce qui à mon avis équivaut à un rougissement chez les “immortels”. 30/03/2013

       - C'est vrai, tu as parfaitement raison. J'étais justement en train de me demander ce qui allait constituer mon menu ... Qu'en penses-tu ? Du A, du B, du AB, du O, positif,  négatif ? Mais finalement,  si tes déductions sont bonnes, je pense que je vais m'en mettre plein la panse, avec ce bon sang de métamorphe ... En attendant, tu m'excuseras mais je dois me dépêcher de faire ces analyses, afin de vérifier tes allégations et rédiger un compte-rendu plausible pour ta hiérarchie (si besoin). Et puis,  je ne sais pas si tu es au courant,  mais froid c'est "dégueu" comme vous dîtes maintenant. Alors assieds-tois là, et laisse moi travailler, dit- il en me posant sur la première chaise venue,  et en se concentrant sur les éprouvettes.

Je le regardai ainsi se mouvoir tout en grâce, précision et concentration. C'était un régal... Un vrai délice pour les yeux.  Ses cheveux, attachés comme toujours en catogan,  se balançaient de droite à gauche au grès de ses mouvements ; les muscles de son dos roulaient sous la blouse qu'il portait près du corps.05/04/2013

Le simple fait de le regarder avait fait accroître mon rythme cardiaque, à tel point que je le sentais bourdonner dans mes oreilles. Heureusement que j'étais assise, sinon je crois que je me serai écroulée tant le bourdonnement perturbait mes autres perceptions. Malheureusement pour moi,   même si Pavel était concentré sur ses éprouvettes et semblait  ne s'être aperçu de rien. J' aurais dû me douter que cela ne serait pas le cas.   
         
           -Tout va bien,  Maï ? me demande-t-il avec un sourire dans la voix. Il se racla la gorge et poursuivit : au fait,  tes soupçons se sont révélés exacts : je suis en train de fabriquer les résultats d'analyses que tu pourras monter dans ton services. Par contre,  on a un petit soucis.
             - Oui, oui,  tout va bien, dis-je d'une voix bourrue. Ne t'occupes pas de moi mais dis moi plutôt quel est le problème.07/04/2013
              -Le problème que nous avons c’est que je ne trouve pas de gène lupin dans les échantillons que nous avons. Par contre Je trouve le gène de couleur bleu dominant et je ne comprends pas à quoi cela correspond, je n’ai jamais eu ce cas là. Est ce que tu pourrais regarder dans ton livre des ombres si tu trouve des êtres ayant des caractéristiques bleues.
         - Il se trouve que je l'ai dans mon sac au vestiaire.  Ce n'est pas loin. Je vais aller me chercher.

Je partis  donc au pas de course chercher mon sac. Cinq minutes plus tard, j'étais de retour sur ma chaise, dans le laboratoire de Pavel, mon Livre des Ombres sur les genoux.

             - Voyons,  voyons... dis-je en tournant les pages du Livre. Yeux bleus, cheveux bleus,  peau  bleue.08/04/2013
       - Peux-tu me dire à quelles espèces appartiennent les êtres aux cheveux bleus et ceux à la peau bleue ?

           - Alors, d'après le Livre, les êtres aux cheveux bleus seraient des elfes aux cheveux longs (bleus, verts, ou rouges)et aux oreilles pointues, et ceux à la peau bleue,  des diablotins qui ont eux aussi des oreilles pointues avec en plus une queue qui se termine en pointe de flêche.05/06/2013  

           - Il faut que tu remontes le voir afin de lui poser quelques questions nécessaires à la poursuite de mes analyses.

            - Quelles questions veux-tu que je lui pose ?

          - Ne t'inquiètes pas, je vais te faire une liste, dit-il en attrapant un bout de papier sur lequel il se mit à griffonner à toute vitesse. Fais toi discrète, il ne faut surtout pas que quelqu'un entende ou voit les questions où tu es bonne pour la camisole de force.



Je lui arrachai la feuille des mains et m'engouffrai dans le couloir et l'escalier. Arrivée dans le service, à bout de souffle, je m'aperçus que mes collègues étaient en pause. J'en profitai pour me faufiler en catimini dans la chambre de Martial. Une fois entrée, je m'appuyai contre la porte.

     - Ne crie pas ! furent les premiers mots qui sortirent de ma bouche dès que j'eus récupéré un semblant de souffle. Je suis là pour te sortir de ce pétrin. J'ai un groupe d'amis qui va m'aider à te sortir de cet endroit pour te mettre en lieu sûr avant que les "ordinaires*" ne découvrent ce que tu es. Ils ne sont pas encore près à faire notre connaissance....

J'allais continuer en lui posant la 1ère question de ma liste, lorsque je m'aperçus que je parlais dans le vide. Le garçon était inconscient, trempé de sueur et entrain de convulser. Je me précipitai sur le téléphone et composai le numéro du labo. J'expliquai la situation à Pavel qui me dit de ne pas m'inquiéter et que tout aller s'arranger. Au moment où je raccrochai, il se matérialisa comme par magie à mes côtés.

           - j'ai sondé le service, tout le monde dort et ta collègue l'infirmière occupée à rédiger les transmissions. Elle ne devrait pas poser de problèmes,  je m'occuperai de sa mémoire. Il y a un brancard dans le couloir, récupère le et on y va.

Moins de 5 minutes plus tard, je me retrouvai poussant avec le brancard les portes battantes du laboratoire de Pavel. 10/06/2013 Ce dernier arriva et sans coup férir, se retrouva avec Martial dans les bras.

           - Prends mes clefs de voiture, dans la poche avant gauche de mon jean, et va l'ouvrir, me dit il en se déhanchant pour me permettre d’accéder plus facilement à ses clefs.

Rouge comme une pivoine, je préférai obtempérer sans mots dire pour éviter de me ridiculiser en bafouillant. Aussi, je me haussai sur la pointe des pieds et glissai ma main  dans la poche avant gauche de son jean qui lui collait comme une seconde peau.

                - N'attrape pas autre chose que mes clefs, s'il te plais Maï, il faut qu'on s'occupe de ce garçon avant toute autre chose,dit-il au moment où mes doigts se refermaient sur les fameuses clefs.(11/06/2013)
           - Tu connais le proverbe qui dit que les hommes ont 2 cerveaux, et bien,  tu viens de le confirmer, lui dis-je en sortant les clefs de sa poche et en tournant les talons pour m'acquitter de la tache qu'il m'avait confiée.

J'eus à peine le temps d'appuyer sur l'ouverture centralisée et d'ouvrir la porte arrière que Pavel allongeait déjà Martial sur la banquette arrière et se glissait derrière le volant.

       - Je viens avec toi, l'informai-je en m'engouffrant à mon tour dans le véhicule côté passager.
       - D'accord, ton expérience dans le domaine médical pourra sûrement nous être utile.

Il conduisit cette fois-ci encore aussi rapidement que la fois précédente. Décidément, les métamorphes avaient tendance à perturber la conduite du vampire. Et s'est sur les chapeaux de roues qu'il arriva dans sa propriété 13/06/2013


- Tu connais le proverbe qui dit que les hommes ont 2 cerveaux, et bien,  tu viens de le confirmer, lui dis-je en sortant les clefs de sa poche et en tournant les talons pour m'acquitter de la tâche qu'il m'avait confiée.
J'eus à peine le temps d'appuyer sur l'ouverture centralisée et d'ouvrir la porte arrière que Pavel allongeait déjà Martial sur la banquette et se glissait derrière le volant.
- Je viens avec toi, l'informai -je en m'engouffrant à mon tour dans le véhicule côté passager.
- D'accord, ton expérience dans le domaine médical pourra sûrement nous être utile.
Il conduisit cette fois-ci encore aussi rapidement que la fois précédente. Décidément, les métamorphes avaient tendance à perturber la conduite du vampire. Et s'est sur les chapeaux de roues que nous arrivâmes dans sa propriété 21/06/2013 Il s'arrêta dans un crissement de pneus. Je venais à peine de défaire ma ceinture de sécurité qu'il avait déjà ouvert la portière et récupéré une fois de plus Martial dans ses bras. Tout en se dirigeant vers la porte d'entrée, il se tourna vers moi et me demanda d'un ton sec d'ouvrir la porte et d'aller au 1er étage préparer le lit de la première chambre que je trouverai. Je poussais la première porte à droite et me retrouvais dans ce que je supputais être la chambre de Pavel.
C'était une chambre sobrement meublée d'un lit, d'une commode en bois noir et d'un valet en fer  forgé. Les murs étaient d'un jaune coquille d’œuf. Sur chaque mur se trouvait une photographie de la maison et de ses environs prises aux différentes saisons, un peu comme si,  prisonnier de la nuit, Pavel avait voulu faire entrer le soleil et les couleurs du temps dans sa chambre. Je refermai la porte sans bruit, ouvris la suivante, et, après avoir ouvert le lit, j'appelai Pavel :
- C'est bon, tu peux  le monter. C'est la deuxième porte à droite 28/06/2013
- Je sais, dit-il en passant devant moi pour déposer Martial sur le lit et  en commençant  à le dévêtir. Pourrais-tu aller dans la cuisine remplir un maximum de sacs plastiques de glaçons, le temps que je finisse de le déshabiller ?
- Je sais que tu as quelques siècles au compteur, mon cher Pavel, mais le Moyen Âge c'est fini depuis  belle lurette, et j'ai déjà vu des hommes à moitié, si ce n'est complètement nu. Et comme tu connais quand même mieux la maison que moi, tu iras plus vite et tu perdras moins de temps 21/07/2013
Après m' avoir jeté un regard  digne des plus grands bûchers,  Pavel disparut pour revenir un quart de secondes plus tard. Il tenait un énorme sac  plastique rempli de glaçons qu'il me jeta à la figure d' un air mauvais,  avant de quitter la pièce d' un  pas rageur.(29/08/2013)Je me dépêchai de terminer de déshabiller Martial, le recouvrit d’un drap et posait dessus le sac de glaçons. Je tirai vers le lit un énorme fauteuil  attrapai mon sac, en sortis mon Livre des Ombres et commençai sa lecture tout en jetant de temps à autre un regard sur Martial.(04/09/2013)
Le pauvre garçon avait tellement de fièvre qu’il n’arrêtait pas de repousser draps et couvertures. Il nageait dans sa transpiration et à 1 heure du matin j’avais déjà changer 3 fois ses draps. Il délirait, n’arrêtait pas de hurler au sujet d’un montre bleu et se mettait ensuite à pleurer...Et quand je dis pleurer c’était des crises de gros sanglots qui le laissaient toujours épuisé et encore plus en sueur si c’était possible. Je pris sur moi de le laisser seul un moment (de toute manière vu l’état dans lequel il se trouvait, il ne pourrait pas aller bien loin) pour partir à la recherche de Pavel. Après avoir ouvert toutes les pièces de l’étage, je descendis au rez-de-chaussée, et finis par le découvrir dans le salon. Assis sur le canapé, ses longues jambes étendues devant lui, il avait fermé les yeux. Dans la seule lumière diffusée par la lampe du bureau, il semblait écouter religieusement la musique qui s’échappait de la station d’accueil de son téléphone dernier cri. Je m’approchais pour voir de quel morceau il s’agissait. A ma grande surprise c’était le Miserere d’Allegri interprété de façon magistrale par le Chœur du Trinity Collège de Cambridge. Je me laissais un court instant porter par ces voix, et finis par m’ébrouer mentalement en pensant à Martial.
- Pavel, dis-je en me tournant vers ce dernier,(05/09/2013)il faut que tu montes voir Martial, j’ai comme l’impression que l’on va avoir un gros problème, il me semble en effet que le gamin vient juste de se faire agresser par  un monstre bleu et qu’il se s’est jamais transformé.
- Et comment  en es-tu arrivé à cette déduction, ma douce amie me dit il d’une voix si douce et avec un tel regard regard que mes joues rosirent et ma culotte se mouilla..
- Il divague tellement il a de fièvre et parle dans son sommeil. D’ailleurs je n’arrive pas à faire baisser cette foutue fièvre, j’ai même l’impression qu’il va finir si ça continue, par exploser, comme une cocotte minute qui n’arrive pas à relâcher la vapeur.
- Viens, dit il en me prenant par la main et en se dirigeant d’un pas décidé vers l’escalier en me tirant derrière lui. Si ce que tu dis est vrai, il ne faut pas le laisser seul. Et il faut que l’on parvienne à faire baisser, comment as tu dis déjà ? Ah, oui, cette "foutue fièvre" !
Nous passâmes la nuit au chevet de Martial, nous relayant entre la cuisine et la chambre pour faire le plein de glaçons et de linge propre.
Entre deux  crises de délire, nous eûmes une discussion très intense au sujet de ce qu’il s’était passé chez lui la dernière fois. Je réussis à lui faire comprendre que son silence ajouté à celui de Faustine m’avais  plongé dans un désarroi profond. A la rigueur j’aurais pu supporter un silence, mais pas les deux à la fois. Je parvins à lui faire entendre que même si  l’on se connaissait depuis peu, j’éprouvais physiquement un manque lorsque j’étais loin de lui, et qu’il me semblait que le puzzle se recomposait dès que mon “radar sensoriel” le situait près de moi.
Dès ces mots prononcés, je sentis son pouvoir se diriger vers moi, m’entourer, m’envelopper, et une main métaphysique me caressa de la tête au pied, tandis qu’il me murmurait de sa si belle voix :
- Ne t’inquiète pas ma douce. Tu ne me perdras pas et tu ne perdras pas non plus Faustine : elle a seulement besoin de temps pour s’habituer au monde dans lequel elle vient de mettre le bout de sa queue (si tu me passes l’expression). Quand à toi, même si tu as sauté à pieds joints dedans, on va y aller doucement, et je te promets que tu ne seras plus jamais seule.
- Je suis d’accord, mais je ne peux pas me couper de ma famille, aussi, je continuerai à pratiquer et à apprendre la Wicca avec Nany, ce qui, je l'espère me permettra de rester en phase avec la réalité.
Ainsi au petit jour, alors que nous étions parvenus à ce timide compromis,  la fièvre se décida enfin à baisser, et Martial ouvrit les yeux. Avec tous ces petits miracles, le jour qui s'annonçait ne pouvait pas qu’être de bonne augure, vous ne croyez pas?
– 7–

Potentielle menace



13//09/2013
- Où suis je? Qui êtes vous? Que s'est il passé?  
Cette série de questions fusa de sa bouche, immédiatement après qu'il eut ouvert les yeux. Sa voix grave et mélodieuse, sous l'emprise de la panique,  montait dans les aigus au fur et à mesure qu'il parlait.  Tout à coup,  mes poils sur la nuque se hérissaient et je sentis  un vent froid  nous entourer, nous caresser. Je me  tournais vers Pavel.  Il était figé dans une immobilité de statue. Il ne bougeait plus, pas de clignement de paupières, pas de respiration, rien.  Juste ce vent et un sentiment de paix et de calme  qui s'empara aussitôt de Martial.  J'observais tour à tour les deux hommes. Le visage de Pavel, était tel un masque, seuls ses yeux  avaient changé: le vert avait envahi tout l'iris, faisant disparaître la pupille. Sur celui de notre invité, la panique reflua et céda la place à la sérénité en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.14/09/2013
- Ne t’inquiètes pas. Tu es en sécurité. Tu te trouves chez le grand escogriffe qui fait la statue contre le mur du fond. Tout en lui parlant, je m'approchais de lui avec un tee-shirt propre que j'avais trouvé au fond de l'armoire de Pavel. Je suis Maïwen, lui c'est Pavel, et toi c'est Martial. Je ne me trompe pas ?15/09/2013
Il essaya de s'asseoir dans le lit. Je me précipitais à son chevet afin de lui installer des coussins dans le dos et qu’ainsi il soit plus à l’aise pour discuter. Il me prit le tee-shirt des mains, rougit et le mit  sans regarder personne. Une fois vêtu, il  sembla reprendre contenance, mais c'est d'une voix hésitante qu'il parla :
- Oui, je m’appelle bien Martial. Par contre je ne comprends toujours pas ce que je fais ici. Il m'avait pourtant semblé être dans un hôpital à un moment donné...
Pavel prît une inspiration en émergeant de sa phase d'immobilité, comme pour se rappeler qu'il n'était pas encore mort.
- En effet. Mais il était trop dangereux pour toi d'y rester, l'informa Pavel se décidant enfin a intervenir.
Il se détacha du mur et sans même me retourner, je sus qu'il se trouvait derrière moi avant de sentir ses mains sur mes épaules. Je sentis son pouvoir me caresser au plus profond de mon être, là où personne n’aurait dû pouvoir m’atteindre. Ma conscience devint rouge de confusion et commença à quitter la veste de tailleur en lin blanc qu'elle portait.06/10/2013 Mes jambes se transformèrent en guimauve et je fus contrainte de m'appuyer contre Pavel, lequel passa un bras secourable autour de ma taille. Sans même avoir besoin de me retourner, je devinais qu'un sourire ourlait ses lèvres, alors que d’une brève inspiration il venait de découvrir mon envie de lui. 10/10/2013 Je le sentis aussitôt se détendre, ses deux bras se refermèrent sur moi et m’enveloppèrent dans un cocon tout en muscle et tendresse. 22/10/2013 Ma conscience, ou plus exactement sa jumelle sexy apparût, uniquement vêtue d'une nuisette noire transparente. Elle arborait un sourire entendu et ses yeux pétillaient d'un plaisir anticipé. .25/10/2013
Je secouai la tête, pour me remettre les idées en place, ce qui vexa sexy girl qui tourna les talons et partit d'un pas rageur s’enfermer dans sa chambre dont elle claqua la porte. Ma conscience, elle, revint avec le sourire. J'avais de nouveau les idées claires.06/11/2013
- Si tu nous racontais un peu ce qui t’es arrivé ? lui demandai-je  en le gratifiant d’un sourire amical.
Il se renfrogna aussi sec, se rejetant dans ses coussins avant de marmonner d’une voix bourrue :
- De toute manière, même si je vous dis tout ce qui m’est arrivé, c’est tellement énorme qu’il y a de grandes chances, pour que vous ne me croyez pas.
- Ceci mon cher, lui répondit Pavel, tu ne le sauras pas tant que tu ne nous l’auras pas raconté. .09/11/2013
- D'accord. Alors, voilà, je me promenai dans  la forêt quand je me suis fait attaquer par un monstre bleu. 10/11/2013
- Serais-tu capable de me le décrire, c'est très important .... lui demanda Pavel.
- Je ne pense pas trouver les mots, mais si vous avez du papier et un crayon, je peux essayer de vous le dessiner.
Je me tournais pour attraper le Livre des Ombres au fond de mon sac à dos, et le lui tendis avec un crayon récupéré par Pavel au fond du tiroir du chevet. Dès qu'il les eut en main, on n'entendit plus rien hormis le crissement du crayon sur le papier.
Quand il leva les yeux et me rendit mon Livre, il avait dessiné ceci :
Si un vampire avait pu pâlir, je crois que Pavel l'aurait fait. Il se figea dans cette fixité dont seul les vampires sont capables. Je m'avançais, lui pris le menton et lui demandais ce qui n'allait pas.
- Je croyais que ce n'était que des légendes. J'aurais du me souvenirs que tout mythe a une part de réalité.
- Arrête de tourner autour du pot,  et dis nous plus tôt à quel monstre Martial a eu  affaire, et à quoi nous devons nous  attendre. lui dis-je en levant vers lui un regard qui se voulait courroucé mais qui ne réussit qu'à être frustré de par le tumulte de mes émotions.
- C'est un lycan. Les Lycans sont ce qu’ils appellent entre eux des change- formes. Mi- humain, mi- animal, ils ont la capacité de prendre deux formes distinctes.
- Sous sa forme humaine, un lycan est identique à n’importe quel autre membre de la race humaine, sans plus ni moins de capacités.
- Par contre sous sa forme garou, également appelée forme de guerre, décuple les capacités physiques du lycan de manière exponentielle. Sous cette forme il ressemble à un animal humanoïde bleu  monstrueux, tel que l’a dessiné notre ami.
Issu d’une très ancienne malédiction liée à la lune, un humain devient lycan en étant mordu par un autre lycan sous forme garou. Des siècles d’histoire ont fait tomber dans l’oubli l’origine d’une telle malédiction. Une morsure de Lycan sur un être humain, un sorcier ou un métamorphe entraîne une maladie qu'on appelle la nouvelle rage. La maladie se propage dans le corps de l'individu mordu et il entame ainsi sa première transformation, dans les minutes qui suivent. Les premières transformations sont toujours douloureuses puisqu'elles ne sont pas contrôlées. Le lycan apprend ensuite à contrôler sa transformation et n’est plus tributaire de la pleine lune.
Les lycans peuvent prendre deux formes distinctes, chacune leur apportant un panel de possibilités diverses, voir surnaturelles. Un lycan peut adopter n’importe quelle forme à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, mais il seras bien plus puissant la nuit et sous la pleine lune que de jour.
- La puissance physique (force, rapidité, endurance, etc.) de la forme garou est décuplée de manière exponentielle en fonction du jour, de la nuit et de la lunaison. C’est le jour que la transformation sera la moins puissante. En revanche la nuit de pleine lune, le lycan atteindra la quintessence même de sa puissance. Il sera, dès lors quasiment imbattable.

Le lycan régénère ses blessures. La rapidité de la régénération est fonction de la gravité d’une blessure. Elle peut aller d’instantané à plusieurs dizaines de minutes.
Les sens de la forme garou sont démultipliés. Aucuns sens d’aucune créature naturelle ne peuvent rivaliser avec les sens développés d’un lycan en forme de guerre. Ce dernier est également nyctalope. Avec les années et l’expérience, ces capacités sensitives peuvent s'étendre aux autres formes (ceci étant tout de même assez rare).
La forme de guerre possède des crocs et des griffes occasionnant des blessures meurtrières terribles auxquelles seules les autres créatures surnaturelles peuvent espérer survivre… et encore … .

Les lycans possèdent quelques pouvoirs simples utilisables sous forme garou. Avec les années et l’expérience, certains apprennent à utiliser leurs pouvoirs sous leurs autres formes.
Abattement : permet, par contact uniquement, de projeter violemment un individu sur plusieurs mètres de distance
Appel de la bête : en poussant un hurlement animal, permet d’appeler un à plusieurs animaux
Fourrure du porc-épic : permet de durcir les poils de la fourrure de tel sorte qu'ils soient comme des aiguilles acérées occasionnant des dégâts à qui frapperait le lycan
Griffes rasoirs : permet d'occasionner des dégâts irréparables, générant un handicap après  une guérison normale,  à l’aide ses griffes
Hurlement de la banshi : en poussant un hurlement sinistre, permet de faire mourir de terreur une ou plusieurs victimes.
Odeur du sconse : permet de dégager une odeur tellement nauséabonde que quiconque la sentirait serait pris d’écœurement, voir de vomissements -très gênant en combat-
Saut du kangourou  : permet de pouvoir se laisser tomber de n'importe quel hauteur sans subir le moindre dégâts.
Sixième sens  : permet de sentir la nature véritable d’un être ; humains, garou,sorcier, démon, etc.
La forme garou a quand même quelques désavantages :
Le lycan sous forme garou est sujet à une soif de sang et une frénésie incontrôlable. Ce contrôle est plus ou moins facile selon le jour, la nuit et les lunaisons. De jour la rage sera facilement contrôlable alors qu’une nuit de pleine lune elle sera quasiment incontrôlable.
Ils craignent :

  • Le feu 
  • La décapitation
  • L'argent aussi nommé par les lycans métal lunaire, occasionne de terribles blessures presque toujours aggravées et empêche la régénération.

D'après ton dossier à l'hôpital, tu as été découvert, nu, inconscient, en bordure de la forêt, sur la route en direction de notre chère ville. Rassure moi, tu avais bien des vêtements lors de ta ballade dans notre forêt ?
- Bien sur que j'étais vêtu, quelle question ! Pourquoi ? réagit aussitôt Martial, en s'empourprant et en fuyant à nouveau notre regard.
- Cela signifie que nous avons 3 problèmes.12/11/2013 Le premier, c’est que normalement les lycans sont très territoriaux, et ne quittent pour ainsi dire jamais leur terre. Il n’avait jamais été question jusqu’à présent d’un lycan sur notre zone. Pour qu’il ait ainsi quitté son secteur, c’est qu’il doit se préparer quelque chose de grave, deuxième problème. Nous devons donc au plus vite  découvrir où il se rend et pourquoi. Et enfin, si tu t’es retrouvé sans vêtements, dit il en regardant droit sur Martial, cela doit vouloir dire que tu as fait ta première mutation et nous ne savons pas ce qui a bien pu t’arriver pendant ce laps de temps.  

Lorsqu’il se tut, un silence de plomb régna sur la chambre uniquement troublé par nos respirations .16/11/2013 Le silence commençait à peser, les yeux ne savaient plus où se poser lorsque la voix de Pavel  froide et dure, résonna à nouveau :

- Dis moi, Martial, tu es quoi exactement avec tes oreilles pointues, ton teint marmoréen, tes yeux ovales et tes cheveux bleus...Tu me parais être un Elfe mais je n'en mettrai pas ma main à couper...
- Je suis en effet un Elfe, mais, un Elfe des Neiges et je viens du fin fond du Cercle Polaire bien après le village de  Rovaniemi en Finlande 26//01/2014 Sa voix se brisa en un murmure incompréhensible sous le poids  du regard du vampire séculaire.
- Et tu viens faire quoi si loin de tes terres natales ? Je croyais que les tiens ne partaient pas de votre territoire.
- Tu as tout à fait raison mais une prophétie  des oracles des temps anciens dit ceci
“A travers les forêts, les vallons, les vallées
Vous trouverez dans une lointaine contrée
Trois peuples, trois races unies pour nous sauver
Gardien, vampire et sorcier
Viendront nous aide à sauver nos enfants 1er nés.”

Depuis une caste a été formée : celle des voyageurs (dont je fais partie ) afin de sillonner le monde à la recherche de ces trois personnages, mais jusqu’ici sans succès.

Sa voix se mit à faiblir sur les derniers mots, sa respiration devint de plus en plus lente, et ses yeux papillonnèrent avant de se fermer complètement. Il dormait.
Je pris Pavel par la main et nous quittâmes la chambre à pas de loup en refermant la porte derrière nous. Descendant les escaliers, nous nous réfugiâmes dans le salon où nous pourrions discuter en toute quiétude.

_ Et bien !! Tu es une vrai encyclopédie dis-moi ? C'est un exposé complet que tu nous as fait dans la chambre. Si on y ajoute ceux auxquels j'ai eu droit lors de notre rendez-vous, tu es l'Encyclopédia Universalis à toi tout seul...(01/03/2014)
- Tu sais en 120 ans d’existence, j'ai eu le temps de me renseigner sur les différentes espèces qui composent mon monde.(13/03/2014). Et à propos de d'encyclopédie, j'ai écrit noir sur blanc tous les renseignements que j'ai obtenu sur des centaines de parchemins que je suis en train de numériser à mes heures perdues. (15/03/2014)
Soudain je sursautais en portant la main dans la poche avant droite de mon jean, pour en sortir mon portable. Mes yeux s’écarquillèrent de surprise devant le nom qui s'affichait.... Tout en décrochant, j'articulais silencieusement à l'attention de Pavel le prénom de Faustine.

-Maï,dit-elle d'une voix surexcitée, il faut que je te vois ! J'ai appris plein de choses depuis que j'ai intégré la Meute et beaucoup concernent le Docteur Beau Gosse.
-Tu as vu l'heure ? dis-je en regardant ma montre. Il est 2 heures du matin, cela ne peut pas attendre demain ? demandais-je en passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel, évitant de croiser le regard de Pavel, tandis que ma conscience effarée allait se cacher sous le canapé.
-Désolée, on vient de courir avec la Meute, et je suis gonflée à bloc... Mais tu as raison, cela peut attendre demain. Je viens à 10 heures et j'apporterai les croissants dit-elle en raccrochant.(18/03/2014)
Grâce à son ouïe hyper développée Pavel n'avait rien perdu de notre conversation même si j'avais essayé de parler le plus doucement possible. Aussi ne fus-je pas surprise en relevant la tête de voir ses yeux briller et un sourire s'épanouir sur son visage.
- Tu as tout entendu, évidemment ! On ne peut pas avoir ne serait-ce qu'un minimum d'intimité ici ! lui dis je d'un ton courroucé.
- Bien sur ! A quoi t'attendais tu, tu connais aussi bien que moi les facultés sur-développées qui découlent de ma condition. Alors ne joues pas les ignorantes,répondit-il irrité à son tour.
Je me sentis frustrée, vexée, que Pavel se permette de me gronder comme si j'étais une enfant. J'avais l'impression de retomber en enfance, à l'époque où mon père me sermonnait après que j'eus fait une bêtise.29/03/2014)Aussi je décidais-je de lui montrer ce que je ressentais. Pour cela, je lui lançais le regard le plus noir que je pu, croisais mes bras sur la poitrine et lui tournai le dos.2/04/2014
Plus tard je sus qu'il avait pensé utiliser ses pouvoirs pour apaiser mes craintes et ma colère, mais qu'il ne le fit pas pour que je garde toute ma lucidité. Il n'avait aucune envie de tricher avec moi, de me trahir ou de me manipuler.
Tout à coup il se retrouva devant moi, glissant, flottant sans bruit à quelques centimètres du sol, comme s'il pratiquait la lévitation.
Soudain il me prit dans ses bras où je m'abandonnais avec plaisir. Mon contact sembla électriser le corps de Pavel. Ma chaleur paraissait l'émerveiller, le ravir. Comme un enfant, il toucha sans retenu mes bras et entrelaça ses doigts aux miens. Nos lèvres finirent par s'unir en un chaste baiser qui devint très vite intense. Fermant les yeux, je lui rendis son baiser. Ma langue caressa ses canines, puis pointa entre, non sans récolter au passage une minime éraflure. Le goût du sang envahit ma bouche. Le vampire se recula d'un coup, rompant le premier notre étreinte et annonça d'une voie calme et déterminée :26/04/2014

- Va retrouver ton amie, (son regard se planta dans le mien, inflexible) Va retrouver ton amie, mais n’oublie pas de rester prudente dans ce que tu lui diras. Je te contacterai demain soir pour que l’on analyse votre discussion.

Et sans coup férir, le temps d'un clignement de paupières je me retrouvais assise derrière le volant de ma voiture et j'entraperçus la porte de la demeure de Pavel se refermer sans bruit. Je rentrai chez moi, il était 5 heures du matin et l’aube allait se lever.

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Discussion entre filles


15/12/2022

Lorsque je fus réveillée par  la sonnerie du téléphone, j'eus l'impression de n'avoir pas dormi, sinon quelques secondes. Je regardais mon réveil et effectivement cela faisait à peine 2 heures que je m'étais couchée. Avec un grognement, je me tournais vers le téléphone auquel je jetais un regard meurtrier et laissais ce fichu répondeur s'enclencher.

- Bip. Salut Maï, c'est moi... (sa voix semblait étrange, comme enrouée) Heu, c'est Faustine... Je t'appelle pour te dire que je ne pourrais pas venir ce matin, (elle se racla la gorge). Par contre, je passerai chez toi vers 19 heures et si tu es là, on pourra quand même l'avoir notre discussion entre filles.....Allez salut, et à ce soir... Bip. 17/05/2014

Bon sang,  Faustine... Si je l'avais devant moi, je crois que je l'étriperai...Mais en attendant, je me retournais dans mes draps et tentais de me rendormir.  Après plusieurs minutes de veines tentatives  pour me rendormir, je me décidais à me lever.(01/06/2014) Pour évacuer, toute ma colère et ma frustration, j’entrepris de faire le ménage en grand dans mon petit appartement. 3 heures plus tard, je me retrouvais épuisée, assise à ma table de cuisine à siroter un thé bien mérité, dans un lieu rutilant du sol au plafond. Après une bonne douche, je décidai d’aller rendre visite à Nanny que j’avais un peu négligée ces derniers temps.

Comme de coutume, le simple fait de m’éloigner de la ville pour pénétrer dans la forêt où vivait ma grand-mère, me calma et je me reconnectais avec la Nature dès que je posais un pied à terre. Les quelques heures que je passais en sa compagnie, contribuèrent elles aussi à m’apaiser et surtout à relativiser. Elle profita de ma présence pour commencer à m’apprendre des potions qui, selon elle, pourraient m’être bénéfiques pour la période de turbulences que j’avais commencé à traverser. Ne me demandez pas comment elle avait deviné, mais c’est ainsi, elle est comme cela Nany. 09/10/14

Peu avant 18 heures je commençais à mettre le samovar à chauffer…. Le thé selon Nany c’est la panacée universelle, et quelque chose me disait  qu’on risquait d’en avoir besoin….J’étais en train de poser les tasses à thé et des  spéculoos (ces délicieux petits biscuits à la cannelle, traditionnellement consommés lors de la saint Nicolas dans les pays d’Europe du Nord), lorsque j’entendis toquer à la porte.

- Entre c’est ouvert .
- Maï…

Une forme féminine se propulsa de l’entrée et vint sans coup férir s’accrocher à mon cou. Elle  m'entraîna alors dans un tourbillon sans fin  jusqu’à ce que mes jambes se dérobent et que nous terminâmes  écroulées sur le sol de la cuisine.

- Non, mais ça va pas ! hurlai-je  en me relevant.
 - Allons, Maï, relax...répondit-elle en me souriant d’un sourire qui illumina son visage  et éclaira son regard et la fit paraître plus jeune encore qu’elle n’était.

Elle se dirigea vers la table de cuisine où était dressée la petite collation que j’avais organisée. Cette vision fit pétiller encore plus son regard si c’était possible.

- Toi, tu sais comment atteindre le cœur d’une fille qui n’a pas été en contact avec une de ses congénères
depuis 15 jours, ou si tu préfères 360 heures, 21 600 minutes ou encore 1 296 000 secondes.

Sur ces mots, elle s’assit et commença à se servir tant en thé qu’en petits gâteaux. Elle se mit à dévorer, comme si pendant les quelques jours qui nous avaient séparés  l’avaient  laissés sur sa faim (au sens littéral  du terme).

- Maï, me dit-elle, Témor m'a amené voir la meute que j'intègre. J'ai fait la connaissance de tous les membres la composant et je me suis liée d'amitié avec une jeune louve qui, avant que je n'arrive, était la dernière a avoir intégré celle-ci. C'est la plus belle femme que je n'ai jamais vu et elle ne s'en aperçoit même pas. Alexandra a un corps fantastique, elle mesure 1m70, la longueur du haut de son corps est la même que celle du bas : Elle a un corps équilibré.

Elle fit une pause et se jeta sur mes biscuits tout en avalant un verre de thé bouillant, elle qui, en temps normal aurait attendu qu'il refroidisse un peu avant de le boire.


Quand j’eus estimé qu'elle s'était assez goinfrée, je lui posais une question :

- Alors dis moi comment ça se passe une journée dans la meute ?

Elle se dépêcha d'avaler le biscuit qu'elle avait dans la bouche pour me répondre.

- Normalement, me dit-elle, sauf si l'Alpha veut que nous fassions quelque chose. Si nous sommes sous forme humaine, il nous le dit oralement puis c'est bon mais si nous sommes sous notre forme lupine, il nous envoie des ondes mentales pour nous dire ce qu'il veut que nous fassions. Dans les deux cas, nous ne pouvons pas refuser d’obéir à un ordre venant de l'Alpha.

- Que sais-tu sur cette Alexandra, t'a t-elle dit d'où elle venait, qui elle était ?

- Non pas encore je n'ai pas pensé à lui poser la question !

- Et bien la prochaine fois que tu l'as verra, penses à le lui demander et tu me raconteras.

Tout le reste du temps qu'elle fut là, nous parlâmes du bon vieux temps, du temps où nous n'avions pas de problème où tout était normal, où il n'y avait ni vampire ni loup garou.

Puis vint le moment de son départ et ce fut là qu'elle me dit : 

- j'ai peur, en effet, quand on est une jeune louve de 15 ans et que l'on n’est pas appareillé, lorsqu'arrive la pleine lune, on est à la disposition de tous les loups, on est dehors obligé de subir les assauts de tous ces affamés.


A ce moment là, je m'effondrais sur le carrelage de la cuisine et me mis à pleurer à gros sanglots.


                                                    - 9 -


Le lendemain matin, c'était un dimanche et je savais que Pavel ne travaillait pas ce soir là. Aussi l’appelle-je pour lui demander des nouvelles de Martial. Il me répondit en me demandant de le rejoindre au plus vite,

- Et bien tu as vraiment l'âme d'une soignante dis moi ! Un sourire niais apparu sur mes lèvres.

- Bon si tu me montrais Martial, c'est un peu pour lui que je suis là. Je lui coulais en regard en coin et lui dis ne sois pas jaloux, je suis là pour toi aussi !


 


Sur ces entrefaites, Faustine parti chez elle. Je pris en vitesse mon manteau et mon sac, mes clés, et me ruais vers ma voiture pour partir chez Pavel.

Lorsque j’arrivais chez ce dernier, j'ouvris la porte et grimpais en toute vitesse l'escalier qui menait vers le premier étage. Arrivé là, je rentrais dans la deuxième chambre.

  • Alors, comment va-t-il ?
  • Il n'y a pas de mieux depuis tout à l'heure, me dit-il. Je ne sais plus faire, dit-il d'une voix cassée de regrets et de colère.

Je le regardais de plus près. Il avait des cernes sous les yeux, il paraissait encore plus pâle que d'habitude, tout son corps tremblait de fatigue. J'avais l'impression qu'il allait s’écrouler sous mes yeux. Je le pris par les bras, le fis s’asseoir d'office dans un des fauteuils qui était dans la chambre.

  • Depuis combien de temps ne t'es-tu pas reposé ?
  • Et comment voulais-tu que je me repose ? Je te signale que j'étais tout seul pour m'occuper de Martial.
  • Je vais vous apprendre quelque chose, Monsieur Le Vampire orgueilleux quand on ne s'en sort pas, on met son égo dans la poche avec un mouchoir dessus, et on appelle à l’aide.
  • Grmpf, marmonna-t-il vexé. J'y penserai la prochaine fois.
  • D'accord, en attendant nous sommes coincés dans notre recherche de soins pour Martial. Il nous faut réfléchir à ce que nous pourrions faire de plus.

Je m'assis dans l'autre fauteuil de la chambre, nous restâmes là tous les deux, les yeux fermés afin de trouver une solution pour guérir Martial. Tout à coup, j'ouvris les yeux dans mon fauteuil.

-Je sais, je vais demander à Nannie, peut-être que dans son grimoire, elle trouvera une solution pour le sauver.

J’attrapais mes clés, de descendit en quatrième vitesse  l`escalier